Episode pilote du podcast la Traversée avec Jacques Tuset qui nous fait l’honneur d’être le premier invité des deux premiers numéros.
Ce ne sera pas de trop pour aborder avec lui l’ensemble de sa carrière et et l’évolution de l’eau libre en France et dans le monde depuis les années 1970 pour celui qui en s’évadant de prison a été honoré du Hall of Fame des Marathon Swimming Association.
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•Anglet « full distance » 4.2km, où le syndrome de la course locale que l’on veut soutenir mais…
C’était en aout 2021 que la première édition d’une course dont j’entendais parler mais qui laissait peu de traces sur le net prenait place dans mon calendrier. Nous étions en mode pass-sanitaire (pas demandé lors de l’épreuve, pas plus qu’une licence ou une pièce d’identité, n’importe qui aurait pu nager) et je sortais de chimiothérapie et malgré la saison estivale j’allais nager en néoprène car j’avais parfois froid en piscine.
Bref je ne partais pas pour une performance mais pour un 4km en ligne droite pour soutenir cette initiative et me remettre à nager. Le nom de « full distance » aurait du éveiller mon instinct et me faire renoncer, mais parfois on veut bien faire, et, la naïveté reprend le dessus, on veut laisser sa chance à une organisation locale qui parait bienveillante. Mais être gentil ça n’est pas un métier et en matière de sport le non respect des athlètes et des règlements devrait être une ligne rouge à ne pas franchir.
Car le jour J on découvre qu’il y a aura un départ et une arrivée sur la plage (malheureusement) mais surtout une sortie à l’australienne.
Cela mérite peut être que je m’attarde sur le terme qui est propre au triathlon même si personne ne se souvient vraiment le lieu plus précisément ni la date de cette innovation technique qui consiste à faire faire 2 boucles d’une même distance à des nageurs et des les faire sortir de l’eau et courir sur la plage pour marquer le passage entre la première et seconde boucle.
Cherchez Charlie au milieu des néoprènes une tendance trop courante dans l’eau libre.
Certaines épreuves d’eau libre auxquelles j’ai participé ont été jusqu’à me proposer de nager 6km en sortant tous les kilomètres pour faire 6 boucles. Ma sortie à la première boucle fut une sortie définitive pour ma part, il y a une limite à la rigolade surtout aux dépens des nageurs.
Et en l’occurence il n’y a aucune autre raison à chercher ici que le fait que l’organisateur soit lui même un triathlète et qu’il justifie cela par un « spectacle à assurer sur la plage au 2km ».
Je vous rappelle qu’on aurait pu nager paisiblement en ligne droite à 200-300m du bord et que cette sortie nous faisait juste couper un effort en plein milieu pour 20 spectateurs et organisateurs à tout casser. Rajoutons ici que les règlements d’eau libre prévoient ce cas de figure mais limite, d’une part la partie hors de l’eau à 1% de la distance totale, en précisant que la ligne d’arrivée doit être à 10m maximum de la rive et que la sortie à l’Australienne, d’autre part, ne peut excéder 15m. On en était loin ce jour là. Pour un nageur, qui, alors ne peut pas courir c’est un enfer mais pour la discipline c’est un bon nivellement par la bas.
Quand la course locale ne dispose pas d’affiche, de briefing ou de juge arbitre allait voir au rayon « horreur ».
Mais, revenons à mon épreuve « full distance » qui ne pouvait pas le jour J faire les 4.2km annoncés car une compétition de surf avait lieu sur la dernière partie de la course et, au Pays Basque, s’il n’y pas (encore) de culture de l’eau libre, celle du surf, est bien présente. Les nageurs devaient donc finir sur la plage précédente, et, de fait, nager uniquement 3.5km. Malgré tout l’organisateur nous jurera jusqu’au départ qu’il s’agissait bien d’eau libre, et, que la distance serait respectée. Ce sera notre seul briefing d’ailleurs.
Je rappelle qu’en eau libre si un nageur peut bénéficier des pieds d’un autre nageur il ne peut pas le toucher d’une part mais surtout si son poisson pilote décide de s’éloigner le second ne peut plus alors lui coller le train, sauf à prendre un carton par le juge arbitre.
Et en matière de stratégie de course ça fait une différence si le drafting d’une part est donc autorisé comme il l’est en triathlon et que la distance est en fait plus courte de 20%. Car malgré l’impossibilité de nager en direction des bouées que nous ne voyions pas, masquées par la houle, sur ce parcours mal foutu du fait de la sortie à l’australienne qui n’était là que pour « allonger artificiellement la distance », et, à défaut de bateau nous ouvrant la voie nous n’avons nagé que 3500m maximum. Le reste étant de la course à pieds qui je le rappelle ne doit jamais être pris en compte dans la distance annoncée.
Imaginez la même chose sur une course de trail ou sur route où au détour d’un virage vous comprenez que c’est l’arche l’arrivée, et tant pis pour les 2 à 3km qui restaient dans votre esprit, et sur le papier, pour faire la différence avec vos rivaux. Un comble quand le nom de l’épreuve est, je le rappelle, « full distance ».
Signalons que j’ai pu terminer deuxième de cette farce tout d’abord parce que le nageur finissant vraiment deuxième refusera de passer la ligne d’arrivée (une première pour moi mais pour vous dire le niveau de l’organisation). Et que le groupe affûté dans lequel je nage ne collabore pas et se tape dessus (littéralement) et ne varie jamais sa fréquence de coups de bras qu’il soit face ou dos à la houle.
Donc lorsque je comprends qu’après 3000m et un peu plus nous sommes déjà arrivés et que je m’étais résolu à nager derrière ce paquet de guerriers faute d’énergie suffisante pour me détacher vraiment en pensant qu’on devrait nager plus de 4km. J’accélère avant la dernière bouée et puis je me laisse porter par la houle pour rentrer en bodysurf et mettre 50m à mes concurrents sans avoir besoin de courir sur la plage, de toute façon je refuse habituellement de le faire.
Nous sommes là en face de gens que l’on pourrait croire bienveillants en voulant développer l’eau libre, mais qui le plus souvent n’y voit qu’une opportunité de faire rentrer de l’argent sur le dos de nageurs qui ne diront rien et de triathlètes qui pourront se vanter dans ce cas précis d’avoir nagé « 4200m » en moins d’une heure. Ces organisateurs ne connaissent rien à la discipline alors que, malheureusement pour eux, les règlements existent, les moyens pour bien organiser et sécuriser une course aussi, et ignorer tous ces éléments ne va jamais aider à construire ou consolider une discipline souvent méconnue je l’admets en France mais qui est malgré tout constituée et organisée.
Que c’est moche de devoir courir ainsi en eau libre surtout sur une sortie à l’australienne
Elle doit paraitre « bankable » pour qu’autant d’organisations se moquent de nous et nous traitent de la sorte.
D’ailleurs cette course locale m’en rappelle quelques autres dont le défi Monte Cristo qui chaque année augmente son nombre de participants et ses frais d’inscription sans pour autant améliorer la qualité de ses prestations. On y retrouve de nombreux nageurs en néoprène qui vont souffrir de la chaleur une fois déposés sur le rocher sans toilette où ils devront attendre longtemps que le départ puisse avoir lieu tellement il y a de monde à faire débarquer sur l’ile.
Et l’année dernière, pur ce qui concerne les traversée, on ne peut pas dire que la « Catalina Channel » ait reçu des commentaires élogieux de la part du peu de nageurs ayant pu boucler la traversée dans des conditions difficiles certes mais où ils furent sortis de l’eau dans la plus grande confusion.
Cela ne va pas dans le sens du développement serein et sain de notre discipline. Alors désormais si les critères suivants ne sont pas à minima pris en compte fuyez les :
•Prix d’entrée raisonnable
•Distance annoncée réaliste et vérifiée
•Parcours cohérent, pas de sortie à l’australienne si ça n’apporte rien et de la ligne droite plutôt que de la boucle sans fin dès que c’est possible.
•Respect des règlements pour le port du néoprène, du drafting, de l’arrivée sur la plage et autres port de la montre ou de bijoux
•Classement séparant les néoprènes, venus pour s’entrainer pour un ironman®, des nageurs désirant participer à une compétition d’eau libre.
•Sensibilisation accrue au risque d’hyperthermie les jours de chaleur où certains veulent tout de même porter du néoprène.
•Toilettes et vestiaires au départ
•Ravitaillement digne de ce nom
•Préoccupation environnementale pour ne pas laisser de déchets dans l’eau ou sur le site.
•Briefing digne de ce nom résumant le parcours, le réglement et les consignes de sécurité.
•Pilotes dignes de ce nom, bateaux équipés en conséquence et
•Dispositif de sécurité adaptée sur et hors de l’eau, inutile de tout parier sur un kayak ou sur un restube.
•Conditions d’annulation ou de fin de course précisées et claires pour tous les acteurs.
•Conditions de remboursement le cas échéant en cas d’annulation de la course.
•Obligation pour tous les nageurs d’avoir une licence FFN en ne reconnaissant plus celle de la FFTri comme ce fut le cas en 2018 pour l’athlétisme.
Et pour le nageur l’obligation d’être bienveillant envers les autres nageurs quelque soit le niveau, mais aussi envers l’organisateur. Ce dernier peut avoir à ajuster sa compétition en fonction de facteurs nouveaux (météo, visibilité ou température de l’eau, nombre de participants) ou encore parce qu’il fait face à un évènement qu’il avait mal ou pas anticipé. Alors le dialogue avec les nageurs peut aider grandement à l’amélioration de l’organisation à l’avenir et dans tous les cas à l’acceptation par tous que ça n’est qu’un sport.
Et, plus notre identité sera forte, plus ce sport pourra s’exprimer dans toute sa diversité, dans tous les milieux et sur toutes les distances y compris aux championnats du monde où la FINA retire l’épreuve du 25km, mais c’est un autre débat que nous aurons bientôt. En attendant nous aborderons les organisations qui savent vous faire nager et partager un bon moment dans et hors de l’eau pour finir sur une note moins salée, dans le prochain épisode 3 compétitions à faire absolument selon moi.
• La traversée du Lac Léman LGSA classic (dans sa largeur et ce fut long)
Si vous avez aimé l’Italie, vous aimerez la Suisse et à défaut d’alcool vous pourrez boire une bouteille d’Evian à l’arrivée pour accompagner la cuillère de salade de lentille et quelques bouts de pain après 13km et plus à négocier la route avec des kayaks qui ne savent pas où aller.
Voilà à peine deux semaines après Capri je me souvenais que je m’étais engagé un an avant le Covid sur cette traversée que je n’avais pas du tout prévue dans mon calendrier 2022
Heureusement il ne s’agit pas d’une course mais d’une traversée par groupe de niveau, les plus lents partent les premiers et les autres dans l’ordre de leurs allures toutes les demies heures.
Notez bien que l’enjeu n’est pas compétitif mais qu’il y a tout de même, 13km à nager, un marquage des nageurs avec des tatouages, un chronomètre et un classement à défaut de convivialité, de rencontre et d’organisation.
Et effectivement en réalité on se rapproche beaucoup de nos amis italiens avec un briefing du même tonneau la veille au soir avec des diapositives pour faire sa navigation ce qui rappel de mauvais souvenirs et qui fait naitre chez votre serviteur l’idée qu’il existe bien des critères pour définir une traversée mal organisée. La suite me donnera raison.
Au départ tout le monde a le sourire mais porte souvent du néoprène par cette chaude journée d’été de 2020, en 2022 il en était de même
J’appartiens donc au groupe le plus rapide (prévoyant de nager autour de 1’30/100m) partant le cinquième et dernier de Suisse pour rallier Evian en ligne droite. Mais à mon arrivée sur la plage j’assiste au départ du deuxième groupe puis de tous les autres jusqu’au mien et malgré ma prise de contact avec l’organisation tous ces nageurs ne partent pas du tout en direction d’Evian.
Les facteurs de cette erreur sont multiples et simples. Les nageurs débutants ne savent pas forcément naviguer d’une part, c’est peut être même leur première fois en eau libre et sur une telle distance, on ne voit pas les bouées situées à plus de 2km les unes des autres, et, ils font confiance aux kayaks ou aux autres nageurs. Le biais de confirmation classique, si je suis perdu les autres eux doivent savoir où ils vont, sauf si les autres pensent la même chose que moi.
Et je confirme que les kayakistes, eux, ne savaient pas du tout où aller et de toute façon regardaient les nageurs pour les « sécuriser » et pas du tout pour les guider.
Tout ce petit monde s’entraine hors du parcours lentement mais surement. Le groupe suivant prenant comme repère le précédent et ainsi de suite. Telle une unité d’artillerie qui viserait l’arbre en boule pour toucher au but un ennemi qu’on ne voit pas. Notre groupe décidait de partir bien plus dans l’axe en fixant un sommet plus facilement repérable qu’un arbre, qui nous indique d’ici l’aplomb du point d’arrivée, selon les diapositives.
La navigation était relativement facile à faire du fait des sommets remarquables à viser tout au long des 13km, jusqu’à ce que les kayaks s’en mêlent.
Si dans les premiers kilomètres tout se passe bien, coopérant avec un nageur italien et sans prendre aucun ravitaillement, l’eau du lac étant suffisant bonne à mon goût. Tout se gâte, après 5 kilomètres, lorsque des kayakistes nous demandent d’abord, puis, nous oblige, à faire route à 45° pour rejoindre je vous le donne en mille, les autres nageurs. Donc nous devons nous détourner dans la route directe pour viser non pas un nouveau sommet ou point repérable mais des nageurs visiblement perdus, et pas du tout en direction de la plage d’arrivée à Evian. Voilà plusieurs minutes en effet que nous les rattrapions et les doublions ne distinguant à peine leurs bouées de sécurités et les bateaux qui les encadraient à près d’un kilomètre sur le côté.
Nous finirons par nous exécuter après une discussion longue et virile, à contre coeur et nous perdons aussitôt le contact avec les deux autres nageurs qui étaient en tête avec nous mais, qui eux, échapperont à la patrouille, ne s’étant pas arrêtés au check point. Ils arriveront avec plus d’une demie heure d’avance sur nous qui avons nagé plus de 15km au total, en doublant pendant 3km des paquets de nageurs épuisés partis 2 heures avant nous, en brasse parfois, déshydratés et perdus probablement, hagards à coup sûr.
Dans la direction dans laquelle nous allions, il nous était impossible de nous diriger car les diapositives ne nous étaient, maintenant, d’aucun secours. Voilà pourquoi, notre duo décidait vers le huit ou neuvième kilomètre de se réorienter et de quitter cette farandole. Nous partirons sans être rappelé à l’ordre par le sous officier kayakiste car personne ne notera notre dérive discrète et volontaire, et nous nagerons ainsi jusqu’au douzième kilomètre où un bateau vient nous proposer un ravitaillement bienvenu et nous confirmer que nous sommes enfin dans la bonne direction à la différence du peloton que nous avons fui.
J’aurais pu comprendre de rallonger la distance pour arriver en même temps que les derniers, une fois de plus ça n’était pas une course. Voire pour ramener d’autres nageurs ou pour des raisons de sécurité réelles en cas de mauvais temps ou visibilité. Mais dans le cas présent la mise en « danger » du moins en difficulté venait de ces équipes qui avouaient ne pas savoir où était l’arrivée et s’acharnaient à faire progresser les nageurs les uns derrière les autres sans se soucier de l’état de fatigue et de la démoralisation qui allait résulter de cette dérive. Ils auraient pu comprendre que nous allions dans la bonne direction et dès lors, comme nous le proposions, de ramener avec nous les nageurs dans le bon axe.
Ma trace avec la belle déviation au kilomètre 7 pour « rejoindre » les nageurs plus lents sur la mauvaise trace
L’arrivée se jouera au sprint juste pour le principe et la suite sera aussi très rapide car nous sommes mis au régime pain sec et eau. Ce n’est pas faute d’avoir fini dans les premiers mais ça ressemble à une sortie de l’eau en 3h après un 10km en coupe de France où il n’y a plus rien à manger. Et comme en Italie, nous trouverons refuge dans une pizzeria
Ici plusieurs choses auraient du m’alerter, le prix encore très élevé pour un 13km en lac, la présence de trop nombreux triathlètes en néoprène malgré une température dans et hors de l’eau très élevée, donc une absence de réglementation et une organisation qui semble faire du team building plutôt qu’une traversée. À tel point que l’organisation me classera longtemps comme ayant nagé en combinaison tellement le fait de nager ne tissu leur paraissait étrange.
Les diapositives et la fameuse croyance dans les « kayaks » pour se diriger dans l’eau alors qu’eux ne sont là que pour « sécuriser » la course. Bien souvent cet acteur des courses d’eau libre est assez proche du bénévole en ultra trail qui vous lance : « 200m de côte encore et après ça ne fait que descendre ». Quand, en réalité, il va falloir encore gravir un col pendant plus d’une heure et qu’on a déjà 70km dans les jambes.
Pour revenir au Léman, le cadre est joli, l’eau est superbe, la ville d’arrivée sympathique, la météo était parfaite, et les nageurs de mon groupe bienveillants, pour le reste ça n’a rien à voir avec de l’eau libre.
Une course d’eau libre ça devrait ressembler à cela, pas de néoprène, un transporteur au bras, de la bagarre en respectant les autres nageurs et les règlements.
Car le point doit maintenant être abordé : de quoi l’eau libre est elle le nom?
Est-elle une sous discipline, trop exigeante qui doit se niveler par le bas en se mélangeant avec des triathlètes en néoprène et armés de montres gps voire de plaquettes à l’avenir? Doit on obligatoirement nommer une épreuve d’eau libre défi ou challenge, faire de la distance un but en soi et ouvrir l’inscription à tous les licenciés d’un autre sport. Un peu comme si une épreuve de vélo de montagne devait se transformer en épreuve majoritairement sur asphalte car des cyclistes sur route ou pire en gravel voudraient y participer.
Au sein de la FFN si l’on a une licence eau libre on ne peut pas prendre part à des compétitions en bassin mais une licence FFTri permet par contre de nager en eau libre en compétition au moins au niveau coupe de France qui devrait être un circuit favorisant les clubs et les nageurs engagés dans cette discipline.
Si cette dernière ne respecte en rien les règles qui ont construit son image, son esprit et celui des participants qui se reconnaissent dans cette communauté alors elle n’a pas d’avenir et à défaut de se développer va disparaitre en proposant une longue distance de 3.8km comme en triathlon lors d’un Ironman®. Des épreuves sous licence privées ou des disciplines plus « fun » comme le triathlon, le swim-run ou le sauvetage côtier finiront par l’emporter sur l’eau libre dont le nom sera alors utilisé comme un sous produit d’un autre sport en ayant perdu notre identité.
Et c’est ainsi que nous arrivons à notre dernière épreuve catastrophe qui s’était tenue un an auparavant et qui est emblématique de cette dérive.
Ou comment reconnaitre et ne plus participer à des compétitions d’eau libre qui n’en sont pas.
Car à défaut de terminer systématiquement sur un podium, dans les points, ou, au sprint à la fin d’un 10km, la plupart d’entre nous désire souvent, assez simplement, pratiquer son sport en bonne compagnie et en sécurité dans un lieu agréable et y avoir des échanges et des sensations propres à notre discipline.
La pratique en compétition de l’eau libre c’est plus souvent cela que la performance pure mais, à son niveau, chacun espère simplement aussi progresser, allonger la distance, nager plus vite, dans de l’eau plus froide, nager sans artifice ou dans des conditions plus difficiles ou dans un cadre impossible à nager hors d’une organisation. Et avoir pu programmer sa saison avec une ou plusieurs épreuves reste une manière de se motiver pour continuer à s’entrainer.
Pourtant il n’est pas rare de revenir déçu, et plus encore, d’un déplacement à plus de 300km de chez soi, par un certain nombre de facteurs qui transforme un 5km dans un lac en un « mauvais » remake de « La créature du Lac Noir ».
Les raisons de cette débâcle ne sont pas forcément à chercher dans la mauvaise forme du jour mais plutôt dans des critères structurels que l’on aurait pu deviner facilement lors de l’inscription tellement une mauvaise compétition se renifle d’assez loin.
Voilà donc une méthode (quasi parfaite) afin de détecter les bonnes et les mauvaises compétitions :
Par soucis d’honnêteté je citerai de vraies compétitions, 3 en l’occurence, auxquelles j’ai participé et bien sûr j’incite les organisateurs en question qui se sentiraient vexés par mes commentaires à me contacter car les colonnes de ce site leurs sont aussi ouvertes s’ils veulent me contredire et enrichir cordialement le débat.
La seconde partie de cet article traitera de compétitions que je recommande vivement (pour finir sur une note positive) sans pour autant avoir un quelconque intérêt commercial à le faire, car je paye chacune de mes inscriptions et je n’organise aucun de ces évènements.
•Capri Napoli
La plage de départ où règnent les sponsors et la confusion comme l’absence de toilettes
Par ordre chronologique dans notre calendrier débutons avec la plus difficile en terme de distance mais aussi d’inscription : Capri-Napoli.
L’un des plus anciens marathon en eau libre en Europe car la première édition date de 1949 entre deux nageurs italiens qui bouclèrent la traversée de 36km (nous reviendrons sur ce point de détail plus tard) en 12 heures. De simple défi elle devient une course, à partir de 1954, quand son organisation dépendra du journal napolitain « Il Mattino ». Ce dernier reparait en effet dans les kiosques depuis quatre ans après son interdiction en 1943 pour connivences avec le régime fasciste.
Bref, jusqu’en 1993 la course va faire du Golfe de Naples l’un des hauts lieux de notre discipline. Mais elle va alors connaitre un arrêt de dix ans et sera à nouveau reprise en main en 2003 notamment par Luciano Cotena, qui, s’il est nageur et président du club Napoli Aquatica n’en reste pas moins un spécialiste du marketing.
La traversée « open » qui n’est pas la compétition de haut niveau de la FINA, se déroule entre juin et juillet. Elle nécessite un prix d’entrée qui se calcule en centaines d’euros et pour moi qui l’ai faite en Duo (comprendre en relais de 2, ils sont possible jusqu’à 6 nageurs) il fallait compter 500€ par nageur et un tarif « préférentiel » dans un hôtel de son choix, comprendre un à Naples, l’autre à Capri. À ce propos oubliez de suite le charme du bord de mer si vous choisissez l’hôtel proposé ce sera loin du centre et loin de tout avec certes une piscine à votre disposition mais c’est un bassin de 20m maximum, en d’autres termes une piscine d’hôtel.
C’est là qu’aura lieu le briefing la veille de la course (c’est un moment crucial pour juger du sérieux d’un organisateur).
Première mauvaise nouvelle, les pilotes sont absents de la réunion et aucun point n’aborde la navigation si ce n’est 3 ou 4 diapositives présentant des photographies prises depuis un bateau depuis le départ puis à 20, 10 et 5 km du point d’arrivée. On nous parle d’une course de 36km où l’on est libre donc de faire sa propre route sans avoir un point de passage obligatoire. Se pose alors le double problème, que la distance à vol d’oiseau entre les deux points fait à peine 32km et non pas 36 comme annoncé d’une part et qu’il semblerait que c’est au nageur de faire sa route depuis le niveau zéro (la tête hors de l’eau) car le pilote lui n’est pas là pour cela.
Parlons d’abord du kilométrage annoncé, car il s’agit là d’un critère commun aux mauvaises compétition quand l’organisateur se moque déjà de la distance en l’arrondissant plutôt à la hausse, histoire de flatter votre ego et gonfler la facture. Mais il s’agira tout de même de terminer les 32km car les règles absurdes d’une part et les moyens à votre disposition rendront la quête quasi impossible même à de très bons nageurs.
Au départ avec le bonnet du club car l’organisation n’en fournit pas un en souvenir, peut être à raison?
En effet, une barrière horaire de 10h vient tel un couperet sortir les nageurs quelles que soient les conditions météo, favorables ou non. Il n’est pas facile de nager à cette allure un 10km contre du vent et des vagues alors plus du triple je vous laisse imaginer la dérive possible.
Mais c’est aussi et surtout parce que le pilote de votre bateau ne vous sera d’aucun secours d’abord parce que pour vous alimenter ou vous piloter tout simplement il vous faudra « un coach » que vous pouvez « louer » à l’organisation, mais ne comptez par sur le « capitaine » du bateau qui dispose tout juste d’un permis côtier mais ni de GPS, ou de Radio VHF et pas non plus de Compas. Pas facile dans ces conditions de garder un cap, et, si jamais le brouillard devait se lever ou la visibilité baisser il serait tout simplement impossible de terminer ou d’être en sécurité sur l’eau.
En France pour comparaison en semi hauturier (6 à 60 milles d’un abri) les cartes marines et un GPS ainsi qu’une VHF sont obligatoire. Au départ de Capri le point que vous visez est donc à plus de trente kilomètre dans le Golfe et la moindre houle au niveau zéro vous empêchera de voir quoi que ce soit devant vous sur plus des deux premiers tiers du parcours.
À noter qu’au départ un bateau me coupera la route et manquera de me passer sur le corps en me reprochant de ne pas être près de mon embarcation qui de toute façon n’est pas arrivée. À juste titre, mon pilote et moi même pensions que les départs étaient différés entre les solos, les duos et les relais. En réalité non, tout le monde part en même temps sans tenir compte du briefing, on sent qu’on est poussé vers l’arrivée et que la journée va être longue.
Car pour le coup vous risquez de nager 36km sans jamais arriver à destination. Pour votre salut de toute façon après 09h30 de nage si vous n’êtes pas sur le point de toucher terre l’organisation vous sortira de l’eau même à 2km et quelques de l’arrivée. L’important parait être de finir à l’heure pour être tous ensemble pour le « Podium ».
Et à terre rien ne vous sera épargné, une remise de prix, une médaille et un diplôme, même si vous n’avez pas bouclé la distance. Mais pas de ravitaillement, à part de l’alcool et un bout de pizza froide qui était là presque par hasard. Le bus qui doit vous ramener à votre hôtel si lointain ne viendra pas non plus, mais c’est l’occasion de prendre un taxi avec vos compagnons de galère et de finir dans un restaurant digne de ce nom en se promettant de ne plus jamais revenir sauf pour des vacances, la ville et les habitants en valent largement la peine.
Mon acolyte dans cette galère sans lui je ne serai ni parti, ni arrivé
Donc nous aurons appris que si le spécialiste du marketing prend le dessus sur le nageur l’organisation risque de vous vendre du rêve ou du cauchemar selon que vous pourrez où non vous targuer le lundi matin à la machine à café d’avoir pu terminer cette pourtant belle et mythique traversée. Prix excessif, distance au pif, pilote absent et donc sécurité sur l’eau et respect du règlement à l’occasion, zéro ravitaillement après 9h30 dans l’eau, en font la pire course que j’ai pu faire et de loin, pourtant un lieu magnifique et heureusement pour moi un duo avec mon acolyte, toujours souriant Bernard-Pierre qui fut un très bon compagnon en pleine mer notamment pour faire le point et terminer cette course en 9h31.
La plupart en solo n’arriveront pas à boucler cette traversée car le temps limite, fixe, n’est pas adapté aux conditions du jour, changeantes. Et la dérive possible par le manque d’instrument induit souvent un détour comme le prouve les traces trouvées ici et là, y compris les jours où la course des pros est interrompue. Le Golfe de Napoli est assez capricieux à nager en effet la houle et le vent sont souvent présents, mais si une autre organisation prenait la main sur cette traversée à n’en pas douter je tenterais l’expérience en solo sans cette barrière horaires sortie de nulle part.
Frédéric Romera un excellent nageur français qui a pourtant eu le plus grand mal à terminer. Notez le grand nombre de sponsors de cette épreuve
Résumons les éléments largement défavorables à cette traversée :
•D’abord le prix de plusieurs centaines d’euros pour nager sans pilote, ni instrument.
•La distance annoncée largement estimée à la hausse.
•L’absence de nourriture et de juge arbitre à bord de chaque bateau pourtant inclus dans le prix et le règlement.
•L’utilisation par certains de néoprène malgré une interdiction justifiée par une température très élevée.
•Le non respect des consignes notamment au départ
•L’absence de toilettes au départ et de test anti dopage à l’arrivée malgré le prix d’inscription
•Enfin aucune bienveillance et de professionnalisme de la part d’organisateurs qui ignorent la réalité d’une traversée pour des nageurs amateurs en fixant un temps limite 10h.
La course des professionnels en 2022 arrêtée dans des conditions discutables comme le classement qui en découle
En 2022 rares sont les nageurs ayant pu terminer la course. Ainsi le 08 juillet, 25 nageurs sont arrêtés/retirés bref ne terminent pas quand seul, un duo touche le sable après 09h27 de nage, alors que déjà le 24 juin, 24 nageurs n’avaient pas terminés non plus dont certains pourtant aguerris et bons nageurs furent arrêtés très proche de l’arche finale. Statistiquement vous ne terminerez pas cette course dans ces conditions.
A noter que l’organisation de la course élite fut un désastre en 2022 où une fois de plus les nageurs furent tous arrêtés avant la mi-course. Et malgré à peine 4 heures de nage, l’organisation va établir un classement où comme un hasard 5 nageurs italiens vont terminer aux 5 premières places
Dans le prochain billet nous verrons qu’une traversée de lac peut aussi se transformer en une aventure voire un naufrage pour certains, mais pas pour l’organisation.
Il était temps de se renouveler et de favoriser l’échange et les rencontres donc dès le premier trimestre 2022 vous pourrez retrouver ici mais aussi sur l’ensemble des plateformes dédiées, un podcast sur l’eau libre.
On y abordera la compétition en eau libre, en eau froide, la pratique, la préparation et la sécurité au quotidien, celle des plus grands champions mais aussi de nageurs amateurs qui pourtant traversent la Manche ou des Détroits dans des conditions parfois compliquées. On traitera aussi des disciplines un peu à part comme l’apnée, le bodysurf, le sauvetage, la rame longue distance même si l’essentiel des éditions sera consacré aux belles aventures à coup de bras dans les eaux de nos lacs, rivières et océans ou mers préférés. Ce sera une occasion de mettre en lumière des nageurs et nageuses d’absolument tous les profils valides ou non, compétiteurs ou non, bref de faire de belles rencontres.
Retrouvez dès le mois de février prochain nos épisodes et nos longs récits qui vous accompagneront dès que vous n’êtes pas dans l’eau.
Après avoir débuté la saison d’eau libre en juin et celle de prone paddle un peu plus tôt, il était temps du 13 juillet au 18 aout de faire une pause ou presque des coupes de France (j’irais nager le combiné de Quiberon fin Juillet) et de se plonger dans les eaux du Pays Basque natal qui offre, au Labourd et au Guipouzcoa quelques belles traversées. Notez que si je n’ai pas nagé du tout en Biscaye ni dans les lacs qu’offrent les Pyrénées ou les terres intérieures notamment vers Vitoria-Gasteiz ou dans l’Ebre qui borde le sud du Pays Basque il y aussi fort à faire là bas. Je me suis donc limité à des villes de bord de mer ou presque allant de Bayonne à Zumaïa en passant par Zarautz, Saint Sébastien, Hondarrabia et Saint Jean de Luz sur des distances de 1.5 à 5.2km.
Petit tour d’horizon de ce que Euskal Herria a à vous offrir si vous êtes nageur d’eau libre. Et en parallèle quelques techniques spécifiques à la nage en mer car dans ce milieu vous serez confronté aux marées, aux courants, aux vagues et au vent encore plus que dans un lac où l’on tourne souvent sur 1600 à 2500m, ici il s’agira parfois de nager 3000m ou plus en ligne droite dans les éléments avec peu de bouées directionnelles.
La terrain de jeu de cet été 2019, et il reste beaucoup à nager en mer, en lac ou en rivière, je me suis limité au Labourd et au Guipuzcoa
J’ai donc débuté à domicile par la traversée de Baïona (traduire par Bayonne) pour 1500m dans la Nive devant les locaux de l’Aviron Bayonnais, sa section natation organisant cette épreuve pour la deuxième fois. Nous partions avec la marée qui allait nous aider donc durant la moitié du parcours qui consistait en une boucle nous ramenant vers l’embouchure de l’Adour sans toutefois y entrer. Peu d’inscrits, un peu plus de 70 nageurs la plupart en combinaison Néoprène alors que l’eau est chaude et salée donc, car nous sommes à marée montante et que la mer donc rentre dans le fleuve et qu’il fait très chaud au soleil. La première bouée est à 200m à peine de la ligne de départ et nous allons batailler ferme pour ce premier virage, puis la course est pratiquement jouée. J’expérimente ici une première fois dans l’année un retour avec l’aide d’un courant fort qui permet de varier un peu sa technique pour augmenter l’amplitude et la glisse au détriment de la vitesse de bras. Ici un nageur plus long et plus habitué au bodysurf pourra se défaire de ses adversaires en plaçant des coups de bras plus fort et en s’aidant de courts battements de jambes en 2 temps pour s’appuyer sur les vagues et le courant. Ce que je fis pour me hisser à la 11ème place au général et premier en maillot en 22’45 pour 1500m dont la moitié à contre courant.
La Nive au coeur de Bayonne à marée haute la rivière est donc pleine d’eau saléeNager devant chez soi un privilège dirait le Maire de la ville
Le lendemain ce sera Traversée de la Baie de Donibane Lohitzun (soit Saint Jean de Luz), aucune idée de l’année de création (année 60 à n’en pas douter) c’est un classique qui se joue tous les 14 juillet et 15 aout, au départ de la plage de Socoa jusqu’à la digue au chevaux sur celle de Saint Jean de luz. Si la veille nous avions droit à des juges arbitres de la FFN, un briefing de course et une arrivée à la plaque digne d’une belle épreuve d’eau libre, ça n’est plus le cas ici. En somme vous êtes un habitué des lieux et vous savez plus ou moins le parcours et les règles sinon ce sera la découverte au milieu de 6500 nageurs, car l’épreuve est très connue et rapide. On termine en courant jusqu’à ligne d’arrivée dans le sable et cela nécessite d’avoir les jambes et donc de les utiliser dans la dernière partie de la natation afin de vasculariser au mieux et de préférer la dynamique de la course à celle de la marche.
Je vais terminer, en combinaison Arena en 22’33 soit 12’’ de moins qu’à Bayonne qui avait 350m de moins sur le papier. Une fois de plus pas la peine de viser un chrono sur cette distance hasardeuse car elle part chaque année à la même heure sans prendre en compte les marées, j’ai déjà mis 26’ sur cette épreuve avec ou sans Néoprène. Ici la Arena Black Carbon m’a vraiment permis de trouver une cadence et une glisse que je n’aurais pas eu sans pour me maintenir proche des premiers aussi en Néoprène. Le gainage « solide » qu’a pu m’apporter cette Arena a vraiment joué dans le très bon chronomètre final.
Je me situe au niveau du troisième rescue paddle alors que les premiers arrivent lors de cette course très rapide, un bon chrono que je dois au prêt de la combinaison Arena Carbon
Le week end suivant, nous avions l’occasion de nous élancer sur les 5200m de la Zarautz-Getaria-Zarautz (étape de la coupe d’Espagne dont le niveau est au moins aussi relevé que celui de la coupe de France mais possède beaucoup plus d’épreuves en mer). Le lendemain de cette longue distance, près de 3000 nageurs prenaient le départ de Getaria de la 49ème édition, une vraie classique très bien organisée de monisme 3000m qui se termine sur le sable. Nous avions la chance de partir et d’arriver dans l’eau, et de taper un plaque, de nager en pleine mer ,mais le parcours annoncé sur le papier variait largement en réalité et m’empêchait de nager convenablement m’obligeant à attendre un groupe de nageurs qui semblaient mieux pouvoir se repérer pour ne pas rater une bouées à l’écart du parcours. J’ai voulu en effet m’éloigner sur la gauche du peloton de tête pour les garder à l’oeil et placer ma nage un peu seul, mais quand ils ont coopéré et accéléré je les ai littéralement perdu et je ne comprenais pas le demi tour à effectué. J’ai donc attendu, sagement dans un paquet de nageurs moins rapides que j’ai quitté une fois sur le bon chemin proche de l’arrivé dans le port de Zarautz. Une fois de plus je n’aurais aucun mal à augmenter l’amplitude de ma nage pour me séparer de ce groupe qui m’a fait la route sur le dernier tiers du trajet. Mauvais chrono pour moi donc , un repérage à pieds du parcours m’aurait permis de comprendre où se situaient les bouées vertes placées trop proches d’un mur et les rendant peu visibles alors que je les cherchais au milieu de cette crique. Mais il y avait aussi ce choix discutable de vouloir m’éloigner du peloton alors que j’aurais pur bénéficier de l’aspiration et de la navigation. Je boucle donc en 1h17 ce 5.2km mais bien loin du paquet de tête que je tenais pourtant jusqu’à 2000m.
Une vue d’ensemble de la course et notamment du demi tour devant l’entrée du port de GetariaA Zumaïa et Bermeo vous pourrez retrouver des paysages connus si vous avez suivi la série Game of Thrones
Je ne vais pas renouveler cette erreur de vouloir nager seul et donc a priori plus confortablement, mais sans profiter du peloton et de son aspiration à Zumaïa lors d’un 3km en mer avec la marée montante pour entrer dans le chenal. Un parcours magnifique au départ d’une des plages qui aura servi aux tournages de Game of Thrones et qui se finit en courant sur le quai à l’intérieur de la ville. La première bouée étant encore placée très proche de la plage (il n’y a aura d’ailleurs que 3 bouées sur le parcours dont 2 à moins de 300m d’écart) il va y avoir une belle bataille pour se placer et nager le long des falaises et flysch qui nous mènent à l’entrée du port où une fois de plus je me fais la belle en travaillant la glisse dans le courant en plein milieu du canal et me laissant pousser par la marée. Un beau parcours, aucun briefing de course mais interdiction de nager en Néoprène comme à Zarautz et partout ailleurs dans le Pays Basque sud, voire avec une montre ou des bijoux, de l’eau libre à l’état pur. Mais peu de bouées sur le parcours si on connait on sait où aller, si on nage dans le peloton aussi, mais un nageur isolé va perdre pas mal de temps à naviguer. Ici je suis resté dans les pieds de 3 nageurs, une première pour moi qui préfère nager seul, et je les lache dans le chenal pour finir 16ème au général en 38’51 (on sent encore l’effet du courant dans mes chronos).
Enfin la semaine du 15 aout je vais terminer ce tour du Pays basque par 2 courses dont l’une à Donostia (Saint Sébastien) sur 3000m qui aurait du être une belle traversée un peu à l’image de Zumaïa ou Getaria, et l’autre à Hondarrabia dans la baie de Txingudi qui ne restera pas dans les mémoires.
La Baie de Donostia où se déroule le Paseo Nuevo
Pour la première celle du Paseo Nuevo, nous ne nagerons pas au départ de la plage de Gros mais dans la baie de la Concha pour un plan B compte tenu de la houle. Sur le plan technique je vais devoir, d’une part partir et arriver en courant sur le plage (ce qui va me réveiller au démarrage) mais aussi, rattraper la moitié des nageurs partis dans la vague 2’ avant nous, avec des bonnets verts. En terminant 27ème de cette course et second de ma vague on comprend que j’ai du pas mal naviguer pour trouver un passage notamment au niveau des bouées afin de passer les différents pelotons de bonnets verts à qui je reprenais du temps sur ce parcours en boucle facile malgré une remontée face aux vagues. Je fus le poisson pilote pour la première féminine de ma vague qui s’est mis dans mes pieds à la première bouée et n’en a pas bougé jusqu’à l’arrivée où elle m’a déposé à la course à pieds pour franchir la ligne avec quelques secondes d’avance une belle collaboration car si elle n’a jamais pris un relais elle me motivait en me touchant les pieds. Lors d’un passage dos aux vagues j’ai pu encore pratiquer ce bodysurfing et remonter et larguer une bonne dizaine de nageurs, eux restaient à la même fréquence quand, je travaillais plus en force pour me laisser pousser par le courant et les vagues.
Le genre de paysage qui vous sera donné à voir pendant la plupart des courses au large au Pays Basque
Traversée de la baie de Txingudi, Hondarrabia, 2.6km avec le courant de la marée descendante, ici ce sera très rapide autant pour le briefing (inexistant) que pour la course (avec un courant énorme sur la première partie) que le compte rendu car à part avoir passé presque une demie heure pour retirer mon bonnet et pu recroiser ainsi des nageurs de Bordeaux ou de Donostia, le reste est à oublier y compris la 25ème place au général.
Donc pour clôturer ce tour du Pays Basque (en sachant qu’il y a encore beaucoup à nager en Biscaye ou en lacs) vous aurez en général une très belle ambiance, un beau parcours ou un plan B en cas de houle trop forte, des vagues, un niveau élevé et du fair play, un briefing d’avant course parfois très sommaire, un beau tee shirt et un bonnet dédié (en finale de coupe de France on repart sans aucun de ces 2 goodies) pour Zumaia et Getaria un catering qui vous aura préparé des pintxos chaudes ou froides pour vous donner envie de flâner après chaque course dans les ruelles des vieilles villes du Pays Basque.
La récente discorde sur le restube, mais aussi les chiffres de noyades en France notamment tous les étés nous rappellent que nous évoluons en milieu ouvert et finalement hostile ou du moins dangereux pour l’homme que ce soit en rivière, en lac ou en mer. Il existe bien des équipes et des moyens de sauvetage dédiés mais encore faut il pouvoir les joindre une fois en pleine mer et en maillot de bain quand on est pris d’un malaise alors qu’on voulait nager 3 ou 4000m le matin à la fraiche avant que les MNS n’arrivent sur la plage.
Au delà de la bande des 300m où le nageur s’aventure parfois à ses risques et périls (je parle pour moi essentiellement) c’est le CROSS ou centre régional opérationnel de surveillance et de sauvetage qui assure la mission de coordination en matière de sécurité et de surveillance des activités maritime dont l’eau libre fait partie (en faible proportion mais elle n’est pas à négliger aux côtés du Kite surf, du windsurf, de la pirogue, du prône ou du Stand up paddle qui se développent énormément).
Pour la France donc les CROSS sont au nombre de 7 dont 2 en Outre Mer, ils relèvent des directions interrégionales de la Mer et disposent de tous les moyens disponibles en mer ou dans l’air dont l’ensemble des navires civiles sur zone mais aussi les navires et appareils de l’armée de terre et de la Marine Nationale ainsi que de la Société nationale de sauvetage en mer (SNMS). Et justement cette dernière qui ne fonctionne qu’avec des bénévoles à travers tout le territoire a voulu s’adapter à ces nouveaux utilisateurs de la mer afin de les retrouver plus rapidement et aussi d’éviter les fausses alertes. Ils ont donc fait développer par Io-Data une entreprise de la région lyonnaise spécialisée dans les objets connectés, un bracelet qui s’appelle Dial pour dispositif individuel d’alerte, et celui-ci nous intéresse en tant que nageur d’eau libre. Il ne s’agit pas d’une montre GPS il n’affiche aucune donnée, pas même l’heure mais dialogue avec l’utilisateur par système de vibration. On l’allume ou le déclenche par une pression plus ou moins longue et il répond par une vibration différente selon qu’il se met en fonctionnement, s’éteint, capte un signal ou bien déclenche une alerte (courte vibration toutes les 2 secondes que l’on peut pas ignorer).
Le bracelet en question, un peu plus volumineux qu’une montre GPS.
Le bracelet est étanche jusqu’à 10 mètres (donc non adapté à la plongée), dispose d’une autonomie de 12 heures maximum (en fonction du niveau de réception du signal et sur une base d’une localisation toutes les minutes). Plutôt pensé pour les utilisateur d’engins évoluant au large qui ne pourrait pas rentrer suite à un problème technique et qui vont attendre les secours sur leurs planches nous sommes aussi en tant que nageurs d’eau libre destinés à ce genre de dispositif car il peut être bien utile face à un problème qui ne nous permettrait pas de revenir dans la zone des 300m ou de continuer à nager tout simplement à condition de pouvoir attendre les secours, le Dial se contentant d’envoyer la localisation de son possesseur et le trajet effectué.
Le porteur du bracelet est en difficulté, il capte le réseau GSM 2G ce qui est très courant en bord de mer (et jusqu’à 10 milles nautiques) à la condition qu’il puisse maintenir son poignet ou le bracelet en dehors de l’eau. Le système qui fonctionne déjà dans 36 pays européens et qui va se connecter automatiquement au meilleur réseaux disponible, va déclencher une alerte qui lui sera confirmée par cette vibration récurrente. Dès lors le référent qui dispose d’un smartphone connecté au réseau, et de l’application DIAL, et en passant, de suffisamment de batterie, reçoit l’alerte et donc la localisation du bracelet. Il doit donc appelé le CROSS grâce à une interface dédiée qui permet au secours de prendre en compte cette alerte et de déclencher tous les moyens nécessaires pour cette personne en danger, dont, pourtant, personne n’est témoin direct de sa difficulté. La SNSM appareille en moins de vingt minutes et dans le cas présent devrait être encore plus efficace en étant capable de localiser le naufragé et de ne pas sortir sur une fausse alerte.
La procédure en dessin, l’utilisateur, le référent et les sauveteurs, toute une chaine qui ne fonctionne qu’avec des bénévoles au sein de la SNSM
Enfin dernière option on peut définir un périmètre en dehors duquel le bracelet va automatiquement lancer une alerte, un peu comme pour surveiller son chien avec des GPS dédiés. On en revient à de la vieille tactique militaire de la périphérie, périmètre et du compartimentage afin de se sécuriser.
Les concurrents possible : Oublions le live tracking proposé par Garmin qui oblige le porteur d’un GPS de la marque d’avoir un téléphone connecté en Bluetooth à ses côtés, si le dispositif fonctionne bien en montagne notamment pour le mountainbike c’est plus compliqué (mais faisable) en natation, surtout pour avoir accès au téléphone afin de déclencher les secours. Il existe de nombreuses différentes balises personnelles étanches. Que ce soit les MOB1 rescueME ou de type ResQlink+, cette dernière dispose d’un positionnement GPS grâce à un signal de 406 MHz et une capacité de déplacement de 121,5 MHz – le ResQlink+ relie rapidement et précisément votre position à un réseau mondial de satellites de recherche et de sauvetage. Une lumière stroboscopique intégrée offre une visibilité lors des sauvetages nocturnes. Cette dernière option est plutôt très bonne, mais on un peu moins destinée à des nageurs qui a priori vont évoluer en plein jour sans brouillard.
Le ResQlink+, une alternative pour les sports nautiques, pour la nage il faudra l’installer sur une bouée.
Le système reste de la taille d’un ancien téléphone et n’est donc pas facile à transporter sur soi en nageant (il n’est d’ailleurs pas prévu pour cela), au mieux à placer sur une bouée à tracter derrière soi. Une fois de plus ce type de sac étanche flottable permet d’emporter pas mal de choses essentielles en cas de besoin dont un peu d’eau et pourquoi pas une balise de localisation en plus de ses vêtements et autres clés. Ici on dispose donc d’un kit balise et sac orange permettant de flotter (même si le sac en question ‘es pas un dispositif de secours et de flottaison adapté) en attendant les secours.
Il existe enfin un bracelet dont le design est très, très proche du Dial, le Sea tags, qui lui se déclenche automatiquement en cas de chute dans l’eau ou sur pression du possesseur et qui déclenche un alerte et une localisation sur le smartphone des équipiers dans un rayon de 100m, car celui-ci se destine surtout on l’aura compris au navigateur et moins aux nageurs. Pour autant les similitudes sont nombreuses avec l’objet désigné par P Starck, même couleur, même type de silicon et système de fermeture identique, il enveloppe toutefois un boitier plus petit et donc moins gênant au poignet.
Contraintes du Dial :
Le premier point étant bien sûr qu’il faut et c’est une évidence que vous et votre référent captiez du réseaux téléphonique, lui de la 3g pour que l’application tourne (à défaut du Wifi) et pour le possesseur du bracelet que le système dispose de suffisamment de crédits et qu’il capte de la 2G. Une fois dans l’eau au niveau 0 donc il n’est peut être pas si facile que cela de recevoir le réseau sur la puce Sim multi opérateurs dédiée installée dans le boitier, mais pour l’instant je n’ai pas souffert de perte de signal. Notez que la mise en route du boitier peut être assez longue surtout la première fois et qu’il met un peu plus de temps que votre montre à se localiser.
Le tarif est très correct pour un tel accessoire de sécurité et si l’on regrette un bracelet en silicone un peu moins souple que ceux des montres GPS, et un boitier plus épais aussi, cela ne gêne en rien lors de la nage, j’ai même testé en piscine où l’on noterait très rapidement les désagréments notamment lors de la touche au mur ou de la relance post culbute si cela ne tenait pas, mais rien de négatif à ce niveau là, juste un système d’attache moins conventionnel mais efficace malgré tout.
Pour la photo la personne à sauver est en combinaison de plongé mais en réalité le dispositif n’est pas adapté à cette pratique, le boitier n’est étanche qu’à 10m
Pour le reste si les débuts ont été difficile pour enregistrer son profil sur l’application (il s’agissait des premiers pas du dispositif) le fonctionnement est assez simple et l’interface très claire. Le boitier recharge ses batteries par induction avec une petite plateforme et se connecte facilement au téléphone, il dispose d’une batterie suffisamment efficace pour l’emmener en week end et faire plusieurs sorties en mer sans avoir à s’inquiéter de sa charge. Enfin il est livré avec 80 heures de localisation et une dizaine de sms prépayés mais je rappelle ici que l’on peut recharger facilement pour 25€ et 100 heures de localisation. Reste à savoir l’efficacité dans le temps et la sécurité de l’objet connecté contre des attaques extérieures.
Pour ma part je procéderais ainsi, partir avec un référent et en se renseignant toujours auprès d’un poste de secours s’il en existe un avant de plonger, afin de connaitre les courants, les marées, les obstacles et la météo. Se munir d’un sac étanche que l’on tire derrière soit pour être visible des autres utilisateurs notamment ceux munis d’un moteur. Avoir dans son sac des vêtements et une paire de chaussures pour pouvoir marcher et être couvert du vent si l’on devait sortir loin du point d’entrée et rentrer à pieds. Faire un test d’activation du dispositif bracelet et smartphone du référent pour être sûr que le signal passe bien. Enfin ne jamais se surestimer et ne pas chercher à nager contre le courant et trouver rapidement un point de repli ou un itinéraire bis si le parcours d’origine est trop dangereux (bateaux, courants, hauts fonds…). À la sortie de l’eau, remercier les personnes que l’on a sollicité pour ce suivi depuis la plage (secouristes) ou depuis son smartphone afin de rassurer et pouvoir faire un bilan de ce qui n’a pas fonctionné. Ainsi lors de ma première sortie je pensais avoir un cracking en temps réel alors que mon référent n’aura reçu que le point de mise en route de mon bracelet et son extinction, sauf déclenchement d’une alerte il ne savait pas où j’étais. Cela fait une économie de crédit certes mais il vaut mieux en mer pouvoir rassurer aussi ses proches par une simple consultation d’un point sur une carte afin de comprendre que l’on est bien sur le retour vers la plage après une heure et plus de nage quand on a un peu trainé dans l’eau.
3 nageurs que l’on distingue très peu en haut (avec un restube) mais bien mieux grâce à leurs bouées de signalisation.
En tant que sauveteur, que pratiquant de prone paddle board ou nageur d’au libre je valide donc ce petit bracelet et surtout le fait que cela soutienne la SNSM en lui dédiant une petite partie du prix d’achat. enfin pour soutenir ma station locale de la SNSM je réaliserai une belle traversée de 20km en Septembre de Saint Jean de Luz à Anglet pour relier symboliquement les stations qui officient sur cette partie de la côte basque toute l’année. si vous voulez les soutenir vous pouvez faire un don : https://don.snsm.org/soutenir
Il est toujours délicat de traiter de combinaison Néoprène sur un blog dédié à l’eau libre quand, pour les puristes il s’agit uniquement de nager en maillot et que ce fut même la règle jusqu’à récemment, mais que le grand public et que certains triathlètes ne jurent que par le Yamamoto pour faire 1900m dans une eau à 23°C. Je me permets de rappeler ici, que si la température de l’eau va effectivement entrainer une certaine hypothermie et que ce processus est propre à chacun, l’eau chaude et au moins aussi dangereuse. Au delà de 31°c les compétitions sont interdites car le corps ne pourra pas se rafraîchir et c’est important, il faut donc accepter d’avoir un peu froid au début et surtout de s’acclimater sur des périodes plus ou moins longues, dès lors, de ne pas partir avec une idée préconçue sur l’impossibilité pour son corps de s’adapter au frais voire au froid. Rappelez vous qu’il n’y a pas si longtemps des traversées longues et officielles se faisaient en maillot dans une eau à moins de 16°c.
Mais revenons à nos combinaisons qui sont désormais imposées dès que la température (dont la méthode de captation n’est pas très claire) de l’eau se situe sous les 18°c mais sont déjà optionnelles sous les 20°c et qu’en triathlon on prend le risque de nager à 23.9°C avec un Néoprène sur le dos quand bien même l’air ambiant serait à plus de 30°c ce jour là. La différence air/eau est rarement traitée mais elle est aussi un facteur déterminant pour le choix de sa tenue le jour d’une course.
Et concernant mon passif avec le Yamamoto j’ai eu l’occasion de nager depuis quelques années avec notamment des Aquaman, Zerod, Orca, Tyr, Zoot et autres depuis des années je pense savoir ce qu’il me faut pour ne pas trop souffrir dans l’eau avec un Yamamoto sur le dos. Ayant au programme de ma saison une étape en mer de 7.5km lors du défi quiberonnais où la combinaison est obligatoire, je proposais donc à Arena de tester leur combinaison et d’en faire un compte rendu ici le plus simplement possible. Je recevais la combinaison un jeudi de juin, et le samedi suivant, j’étais à Paris pour l’Open Swim stars où j’étais engagé sur le 10km puis le 2km le lendemain. Ce fut l’occasion de découvrir la Powerskin carbon black wetsuit le nouveau modèle 2019 dans de l’eau douce. Je précise donc que je n’ai aucun contrat avec Arena qui m’a prêté son modèle haut de gamme pour participer à quelques compétitions estivales et en faire un compte rendu sur ce blog que vous êtes nombreux à suivre. Vous pouvez retrouver le modèle ici :
Si j’avais le modèle noir intégral on voit bien la maillage en carbon sur cette image, cela facilite le gainage dans l’eau.
Première étape de quoi est elle constituée :
Pour ce qui est de sa composition c’est du Yamamoto comme toutes les autres combinaisons de triathlon ou d’eau libre depuis des années, et dans le cas de de cette Arena vous n’aurez pas été insensible au terme de Carbon car c’est bien la matière qui lui a été ajouté par un maillage qui vient stabiliser le corps dans l’eau et surtout à mon sens le gainer. Ce gainage est essentiel pour aller vite (à la surface) mais droit également en alignant les pieds et la tête dans la bonne direction. Arena parle ici de Yamamoto Aerodome qui apporterait un maximum de flottabilité, et en cette matière je pouvais être un peu dubitatif car ce n’est pas ce que je cherche n’ayant pas naturellement les pieds qui coulent . Enfin les épaisseurs vont au maximum de 4.5mm sur le ventre et les jambes à 1.5mm sur les bras et les épaules en se limitant à 3mm sur le dos et l’arrière des jambes. Elle dispose d’un sytème de fermeture à glissière inversé pas toujours facile à maitriser seul.
Mes points de référence en la matière :
Des Yamamoto 39 et 40 de milieu et haut de gamme de marques de natation ou de triathlon qui proposent des modèles allant de 400 à 750€. Ma préférée étant la Orca Alpha car elle sa coupe ne descend pas trop sur les jambes ou les bras et que les épaules sont fines, extrêmement fine avec seulement 0.88m, mais dans une matière finalement peu extensible. En contre partie, la combinaison n’est pas chaude mais reste tout de même très fragile j’ai du la recoller à de nombreux endroits… Par ailleurs si les Zerod et Tyr se mettaient sans problème, la Orca ne glissait pas aussi bien dans un sens ou dans l’autre ce qui contribue aussi à l’abimer notamment en compétition de triathlon lorsque l’on est en mode transition 1.
L’intérieur, les coutures, les collages et notamment cette matière finalement facile à enfiler.
Choix de la taille et enfilage :
J’ai chois une taille L, donc a priori plus petite que celle à laquelle je pouvais prétendre, l’objectif étant de retrouver cette absence de tissu sur les chevilles et de bien dégager l’avant bras pour plus de sensations. Ici la black carbon s’enfile sans frottements et sans retenue elle glisse, une fois fermé le zip inversé (pas facile à faire seul toutefois car la protection de la glissière vient souvent se faire mordre) on est bien gainé et pas serré. Pour mes 1m90 et 85kg elle est parfaitement taillée.
Les points sensibles :
Ils sont souvent nombreux, il y a d’abord le changement de la position dans l’eau à cause de le propension à faire trop flotter les jambes et donc d’induire un mal de dos et un manque d’efficacité des pieds qui ont tendance à ressortir de l’eau dans un battement que l’on ne sent plus. Ici je ne souffre pas de cette remontée des pieds à la surface c’était déjà le cas avec la Orca, mais cette dernière parfois me grattait ou me frottait au niveau du cou. Ici on aborde le point noir du Yamamoto, le côté obscur quand le lundi matin votre nuque est marqué pour quelques semaines par des brulures à la base du cou ou plus haut presque dans les cheveux. En réalité nous avons ici deux problèmes courants sur la plupart des designs de combinaison qui ne peuvent empêcher que le néoprène viennent en contact avec la peau et à chaque rotation de la tête lors de la respiration notamment dans un élément salé, viennent brûler l’épiderme doucement mais surement. Enfin une autre gêne pouvant survenir à l’endroit même de la fermeture éclair et du Velcro qui se rabat dessus qui peut avoir tendance à venir en contact avec l’épiderme entrainant des rougeurs ou plus ou un simple désagrément lors de la nage.
Après 25km en eau libre la combinaison n’a pas souffert et mon cou non plus, deux points importants dans le choix d’une néoprène.
Voilà donc pourquoi je préfère toujours nager en maillot afin de ressentir mieux l’eau et les appuis, ne pas souffrir de brulures, ne pas avoir une nage moins naturelle et éventuellement un mal aux lombaires.
Autant dire que je ne pars pas convaincu du bienfait des néoprènes ni sur le fond ni sur la forme. Pour autant il m’arrive de faire des kilomètres en hiver avec en eau froide ou simplement un matin sous la pluie quand j’ai froid ou que je nage seul pour optimiser ma sécurité ou que je nage avec des nageurs plus lents que je vais devoir attendre voire assurer leur sécurité. Je ne suis pas hostile à l’objet en soi s’il était confortable, pas trop cher et durable (je pourrais rajouter écologique). C’est un vêtement technique pratique mais dont l’utilisation en compétition devrait faire l’objet d’une révision.
Les premières sensations :
Dès le premier essayage la Black Carbon d’Arena va se révéler être bien différente de ces expériences passées. Je pensais trouver une combinaison souple certes mais pas aussi confortable aux épaules que ma Orca Alpha qui affichait 0,62mm moins de matériel à ce niveau. À peine enfilée et déjà parti pour un 10km que je bouclerais en 2h24 soit une 7ème position sur une centaine de nageurs, je me sens immédiatement bien, malgré quelques pertes de sensations sur les appuis des bras la combinaison va me propulser comme le lendemain sur le 2km parmi les meilleurs nageurs en me faisant gagner de précieuses secondes au 100m.
Se sentir frais après plus de 7km dans l’eau fraiche et pouvoir courir facilement pour rejoindre l’arrivée avec le sentiment d’une mission bien accomplie
Concernant la souplesse des bras et la sensation d’appui je rappelle que les combinaison sans manche ne sont pas homologuées en compétition, il faut donc obligatoirement en nage en eau libre disposer d’une intégrale complète. Mais revenons à notre Arena, pour laquelle je n’avais mis aucune « protection » autour du cou pour ce premier test en eau douce et où aucun désagrément n’est apparu sur ces 12km dans le canal de l’Ourcq. Ni tour de cou en silicone ni vaseline ou autre graisse ça pouvait être délicat mais en enfilant la combinaison je sentais que l’encolure était basse et confortable que la matière si elle était proche du corps et ne faisait pas entrer d’eau ne tirer pas sur la peau. Je prenais un risque mais en eau douce sur ces compétitions à plutôt bonne intensité je n’ai ressenti aucun problème, aucune rougeur ou frottement au niveau de la fermeture.
Une première place sur le 2km de l’open swim stars en catégorie d’âge que je dois à ce morceau de néoprène on ne va pas se mentir, au départ en maillot je n’avais aucune chance.
Je me devais donc de tester ce néoprène en eau salée ce que je ferais un mois plus tard sur la très rapide mais courte traversée de la baie de saint jean de Luz, 1850m annoncés qui se gagnent en moins de 20 minutes et sur laquelle je termine 20ème en 22 minutes. À nouveau aucune protection autour du cou ou ailleurs, j’enfile la Arena avec des gants de vélo pour ne pas la marquer elle ne souffre d’aucune blessure pour l’instant et je la fait fermer par quelqu’un car ce matin là je n’y arrive pas seul. Enfin, je vais terminer mon test grandeur nature sur les 3 et 7.5km des défis quiberonnais dans une eau plus fraîche et sur un parcours magnifique où la combinaison est obligatoire. Toujours pas de produit autour du cou et un gainage appréciable pour nager droit et garder un cap et terminer en 1h38 cette distance en pleine mer dans les pieds de très bons nageurs. Aucune fatigue au niveau des bras ou des épaules je peux terminer en forçant et en augmentant la fréquence, la seule limite vient du nageur pas du matériel. Je nage plus vite qu’en maillot, je ne ressens pas du tout le froid présent au 4ème kilomètre et je souffre un peu du chaud qui suivra pour nous ramener au port Haliguen, aucune fatigue et toujours aucune rougeur.
Voilà ce que j’appelle poliment rougeur, le résultat d’une eau salée, d’une intensité dans la nage, d’une matière trop irritante et d’une mauvaise coupe dont souffre pas mal de nageurs dont mon camarade après Quiberon…
Les résultats dans l’eau : Elle va vite, elle ne blesse pas, elle gaine bien, elle est bien coupée, elle est hyper souple aux épaules donc j’avais tous les atouts pour faire 2h24 au 10km de l’open swim stars ou encore 1h38 sur le 7.5km de Quiberon.
À l’heure du bilan j’ai été bluffé par la qualité des matériaux, la bonne tenue (après 4 compétitions seulement on verra sur le long terme) du néoprène et sur l’absence totale de frottement. J’ai nagé clairement plus vite qu’en maillot (voilà pourquoi il faut revoir les règlements en la matière pour que les nageurs soient à pieds d’égalité) et j’ai bien ressenti la glisse qu’une telle technologie permet en eau douce calme aussi bien qu’avec des vagues dans le dos sur le parcours breton en pleine mer. De tous les modèles que j’ai pu tester au cours des dernières années elle est clairement au dessus et si les bras sont plus épais que sur le haut de gamme de Orca, la souplesse est pourtant au rendez-vous comme quoi les chiffres, ça ne fait pas tout. À ce stade, après 25km en eau libre, aucune critique à part peut être sur la durée de vie mais ça je vous le dirai avec le temps.
Rappel des faits : je débutais ma saison à Rouen avec un week end qui prévoyait un bel enchaînement (10km le samedi et 25km le dimanche) mais qui s’est transformé en un simple 25km. L’organisation (que je considère pourtant comme parfaite sur le plan de l’accueil, de la sécurité et du respect des nageurs mais qui a fait un pari perdant sur le lieu du 10km) envisageait de nous faire nager en plein milieu de l’armada ce que la préfecture (il fallait s’en doutait) a préféré ne pas autoriser. Donc nous voilà amputé de la course du samedi et de retour dans le lac de la base de loisir de Bédanne dans le lequel j’avais nagé un 10km en 2017.
Je ne me suis pas laissé perturber par cette annulation notamment en terme d’allure de nage ni par la météo capricieuse (le mois de juin est encore un peu frais d’habitude on nage à Rouen en Juillet) ni par les tarifs élevés du logement du fait de l’armada, bref j’ai fait comme si tout allait bien alors que ça partait plutôt mal pour que je donne une bonne note aux Vikings.
Mais revenons à notre sujet, le 25km dans une eau à plus de 18°C sous un ciel couvert et une température extérieure à peine plus élevée (je le redis c’est surtout le différentiel des deux températures qui compte), il fallait donc sur place valider le non port du néoprène et un 1500m la veille avec Agathe Henri (jeune nageuse prometteuse du club de Dijon, elle finira 2ème féminine en 5h54) nous a fait dire que le tissu suffirait amplement, l’eau fraiche ça motive et ça évite les frottements au cou ou sous les bras, la chaleur dans le dos si le soleil se point au cours des 7 heures de nage, et une position du bas du corps qui peut être désagréable en forçant notamment sur les lombaires du fait de pieds qui flottent trop à la surface. Vous me direz que si 90% des nageurs étaient en néoprène j’ai surement perdu du temps sur eux (quelques secondes au 100m fois 250), oui mais je m’étais préparé à ce scénario et j’ai préféré rester attaché à ma stratégie que nager dans l’inconnu.
Ce que je savais je l’avais travaillé et donc validé au cours de l’hiver et il s’agissait des points suivants :
Le ravitaillement : il s’agit ici d’un écueil pour bon nombre de sportifs dès qu’il s’agit de faire un effort de plus de 3 heures, en effet soit ils n’ont simplement aucune stratégie ni en terme de qualité d’approvisionnement ni en terme de quantité d’eau à ingurgiter, soit ils font confiance à des recettes miracles qui tiennent effectivement du miracle quand cela fonctionnelle le soda, l’eau pure, des gels uniquement. Alors que la science nous aide pourtant à mieux cerner nos besoins et les moyens de les combler sur une épreuve de type triathlon, ultra Trail et autres. Le mur que ces sportifs là percutent à 30 km du marathon est purement hydrique quand on sait que l’on peut boire 800 à 1200ml à l’heure et qu’au même moment on peut ingérer 60 à 80g de glucose en cherchant à en diversifier ses sources (maltodextrine, fructose et autres) afin de pouvoir les assimiler mieux et de ne pas souffrir d’un gout trop fort ou d’un mal de ventre.
Merci aux bénévoles du club des vikings pour ces ravitaillements et la bonne humeur à chaque arrêt.
Ma solution était donc de boire un maximum de 33cl à chaque ravitaillement (initialement je pensais à un tour de 2500m alors qu’il s’agissait de nager 15 fois 1666m) composé à 4/5 d’eau minérale, d’un gramme de sel, d’un sucre (saccharose), d’un jus de citron (1/3 d’un citron) et d’un peu moins donc de 1/5 de jus de pomme (dosé originellement à 13% de glucides en moyenne). J’avais en tête une quantité d’eau assez grande pour un taux de sucre plutôt moyen afin de me permettre de manger soit des compotes soit du solide (barre de céréales au chocolat ou une demie banane quand le besoin de mâcher se ferait sentir). Une fois de plus aucune improvisation le jour d’une course et pour cela il fallait tester je le fis lors d’un 17km en piscine en 4h45 en bassin de 25m qui me permis de ravitailler de la sorte toutes les 45’ (en me basant sur un tour de 2500m à effectuer 10 fois). J’avais donc pour moi lors de la course le fait que j’allais m’arrêter plus souvent (donc perdre du temps) mais pouvoir boire et manger un peu moins à chaque fois…
Ce test grandeur nature (mode drill pour ceux qui font et refont des efforts physiquement ou mentalement pour être prêt au moment précis sans avoir à douter de la tactique) n’a pourtant rien à voir avec un entrainement à la distance pour se rassurer ou préparer son corps pour du long, il s’agit juste de trouver l’allure et de pouvoir la retrouver lors d’une course malgré l’absence de montre gps qui et interdite en eau libre. Or l’allure que je me fixais à 1’38/100m était surtout destinée à pouvoir enchainer un 10km la veille avec ce fameux 25m en sachant que j’avais encore plus de 40km à nager ne compétitions lors du mois de juin. L’annulation du 10km le samedi n’est pas venu perturber ma stratégie car je ne me sentais pas capable de me stabiliser à 1’36/100m pour compenser mon absence d’effort la veille et me suis convaincu qu’il fallait mieux respecter mon plan de bataille pour ne rien regretter si ce n’est de finir avec un peu trop d’énergie à la fin, ce qui fut le cas.
Le choix de combinaison en néoprène allait se présenter car le début de saison est encore frais et la météo pas forcément favorable, j’avais fait plusieurs sorties hivernales en maillot pour habituer mon corps à des températures plus basses, si 90% des nageurs partaient en Yamamoto mon choix me permettait d’éviter les frottements, la chaleur si le soleil pointait son nez après 3 heures de course et une position du corps venant faire sortir les pieds de l’eau.
Restait donc à anticiper la gestion du temps, de l’ennui et de la motivation (le mental) car sur du long 80% de la performance se situe dans l’intention que l’on met tout au long de sa course, ainsi commencer à se plaindre du froid au troisième tour auprès de son ravitailleur ne va pas aider à tenir sur la durée, les petits ennuis peuvent s’avérer des écueils, une envie d’uriner que l’on arrive pas à contrôler ou une petite douleur peut venir ternir son expérience. Il faut donc que la course soit l’aboutissement d’un entrainement que l’on parte en pleine possession de ses moyens et que les moyens en questions soient validés selon une méthode scientifique. J’avais donc fait cela en 4 étapes :
Travail de l’allure, de force, de vitesse et mental, j’avais débuté par la force et la vitesse afin que combinés entre elles je gagne en puissance pour cette saison, mais le 25km n’étant pas un objectif mais le début de 5 mois d’eau libre il fallait surtout sur cette course se concentrer sur l’allure et le mental. Malgré tout le travail de puissance c’était toujours déroulé dans un objectif d’augmentation du volume afin de rendre celui-ci moins ennuyeux et d’y rajouter un indice qualitatif certain afin d’améliorer mes chronos sur 5 et 10km cette année lors de pics de forme.
Le but était de pouvoir accélérer toujours au fur et à mesure de ma journée d’entrainement lors de sessions dédiées à la distance (6 à 8km dans la journée). J’ai pu faire des accélérations sur 15-25m ou sur 100-200m avec mon club de triathlon où des nageurs envoient fort alors que j’avais déjà plus de 5000m dans les bras. Une manière d’arriver à terminer plus fort des distances de 5.000m à 10.000m qui vont maintenant occuper tous mes week ends de juin. Le volume est indispensable mais à la condition qu’on ne le voit pas comme un but en soit car il fera progresser jusqu’à un certain plateau qui pourrait marquer une stagnation ou pire un régression du fait d’un ennui, d’une blessure ou d’un travail à la mauvaise allure loin de son seuil.
Pour un 25km ma cible était de 30 à 40km semaine avec du prone paddle et du vélo aussi pour le cardio lorsque l’occasion s’y prêtait. Et pour travailler ce volume mais aussi la cadence de bras et donc le mental je m’étais inscrit au Lacanau Paddle Race sur 12km où il fallait maintenir une fréquence 10 à 15% plus rapide qu’en crawl pendant un peu moins de deux heures sans roulis et donc avec des tensions pour le dos, la nuque et les triceps bien supérieurs à ceux ressenti lors d’une nage en eau libre même à grande vitesse.
J’avais aussi travailler en eau libre à contre courant ou dans les vagues pour m’obliger à travailler la force plutot que de travailler avec des plaquettes et de risquer de me blesser aux épaules. Enfin j’avais sans cesse augmenter les distances des fractionnés pour travailler le seuil en débutant à 100-200m en janvier-février pour terminer à 1500-2000m en mai.
Je pouvais donc me pousser à 85 voire 90% de ma puissance maximale pendant des périodes de plus en plus longues sans en souffrir et en améliorant le chronomètre au fur et à mesure des répétitions.
Le travail des allures lui venait de longues sorties en piscine ou en mer en aérobie qui me faisait penser qu’à 1’38/100m j’étais dans une zone de confort que j’avais pu valider lors de mon 17.4km en 4h44 en piscine et qui me faisait dire que je n’aurais aucun problème le jour J à tenir 7km de plus en eau libre.
Quand le départ du 25km fut donné à Rouen je savais à quel rythme partir et quels seraient mes temps de passage au 5, 10 et 15km dès lors je n’avais qu’à me caler sur la technique en glissant à l’allure requise sans jamais forcer sans jamais vouloir suivre un nageur plus rapide qui me semblerait à ma portée et que dans un 5 ou 10km j’aurais attaqué, m’arrêter (sauf au premier tour) à chaque ravitaillement, ce qui contribue à me faire perdre un peu de temps sur le pronostique établi de 6h50 pour finir en 7 minutes de plus soit 30’’ de perdu par tour de 1666m.
Du début à la fin je n’ai jamais souffert j’ai certes un peu ralenti au fur et à mesure de ma course mais sans jamais sortir de ma zone de confort et j’ai pu boucler le dernier tour en accélérant, un peu déçu d’avoir de l’énergie à la fin mais l’idée était de faire une longue distance parfaitement maitrisée et donc fidèle à mes préparations peu importe que les tours soient plus courts que ce quelle pensais et que la veille je n’ai pas nagé 10km à allure de course, je souhaité nager en moins de 7 heures de manière stable et maitrisée afin de pouvoir préparer mes autres défis qui sont des traversées de détroits sans chrono.
La preuve est que le travail combiné de l’endurance et de la vitesse tout au long de l’année et des tests à intervalles réguliers permettent de bien se connaitre et de pouvoir prédire un temps sur une distance très longue et de tenir cette allure travaillée dans la dernière phase sans connaitre un quelconque problème pour un nageur amateur.
J’aborde souvent des détails très techniques de l’entrainement et des projets ou des compétitions qui sans être hors normes paraissent simplement hors de portée à bon nombre de nageurs que je croise tout au long de l’année. En parallèle je vois que les épreuves grand public comme l’Open Swim Stars ou dans son sillage les Aqua Challenge de la fédération française cherche à promouvoir cette discipline et dispensent souvent des conseils voire des entrainements afin de pouvoir se sortir de sa première épreuve. À ce niveau là la fédération de natation ne propose pas grand chose de qualitatif avec des sessions de 1500 à 1700m pour un niveau confirmé qui s’apprêterait à se lancer sur un 5000m cet été. Face à cette demande accrue et à mon sens au manque d’informations pertinentes sur la question vis à vis de ce public débutant ou en provenance d’une autre discipline comme le triathlon, le trail, le ski de randonné ou autre, il me semblait bon de faire un rapide présentation à l’attention de ces futurs nageurs d’eau libre qui en sont encore au stade de la recherche sur internet afin de se lancer dans le grand bain.
Le choix du lieu et de la distance :
En dehors du choix de la date et de la localisation qui restent totalement personnel, je souhaite me pencher sur la stratégie à adopter pour ses premières courses. Va t-on se plonger dans un lac, une rivière ou en pleine mer, à quelle température, avec ou sans Néoprène et sur quelle distance?
Le choix du milieu est important, un lac n’est pas forcément froid contrairement à pas mal de rumeurs, mais pas pour autant calme car il peut y avoir du trafic maritime et du vent. En mer on peut se retrouver à chercher des bouées très éloignées du bord et à devoir naviguer en se fiant au reste de la meute ou à des immeubles et autres détails au loin sur la côte, l’eau salée va irriter plus vite aussi autour du cou et des bras notamment pour ceux et celles qui voudraient se lancer habillés.
En pleine mer, en lac ou en rivière, en combi ou en maillot beaucoup de possibilités et de facteurs bien loin de vos conditions d’entrainement en piscine.
La distance à nager le jour J va dépendre de ce que vous pouvez nager chaque semaine ou en une fois sans être totalement détruit. À la différence des conseils de la fédération je ne vous dirigerai pas vers un 5000m ou vous considérerai comme confirmé si vous faites 3 sessions de 1700m par semaine, donc si votre volume hebdo ne dépasse pas votre objectif en compétition passez votre chemin, entrainez vous à raison de 3 à 4 fois par semaine sur une distance totale de 10 à 12000m et là oui le semi marathon (équivalent de l’effort en course à pieds qui parlera à beaucoup de novices en eau libre). Si votre entrainement compile en plus des sprints, de la distance en aérobie et de la technique (notamment spécifique à l’eau libre avec par exemple de la respiration type water polo et autres) vous êtes selon mon expérience tout à fait capable de vous lancer sur ce type d’épreuve grand public.
Reste une condition à satisfaire celle du temps limite que la compétition vous propose c’est souvent un grand mystère jusqu’au briefing de départ et j’ai vu des nageurs se faire sortir de l’eau en coupe de France à moins de 500m de l’arrivée sous prétexte que le temps était dépassé. Pas forcement la meilleure voie pour développer la discipline et encore moins très compréhensible quand e public master débutant dans l’eau libre ne finira jamais à moins de 30 minutes de jeunes nageurs évoluant en coupe de France, des épreuves qui pourtant si on en croit le DTN ne sont pas du haut niveau. Je veux bien le croire quand ce même entraineur nous poste des entrainements de la semaine à moins de 2km par session pour ce public confirmé. Donc au moment de faire votre choix ne vous lancez peut être pas sur une épreuve ayant un label coupe de France mais préférez une organisation grand public qui saura vous accueillir dignement et pourquoi pas vous remettre une médaille à l’arrivée.
Choisissez un milieu qui vous parait le plus sympathique possible, la météo y fera pour beaucoup et ne sous estimez pas un petit lac au coeur de la France ou une rivière, les épreuves sur la côte méditerranéenne sont souvent des lieux sous au Mistral et donc à l’annulation ou modification de course et le rendez vous d’un public de nageurs vraiment confirmés.
Le choix de l’équipement.
Le choix du Néoprène dépendra malheureusement de la prise de température de l’organisateur le matin même, mais soyez prêt à nager sans pour vous sentir plus libre et ne pas finir en hyperthermie si le soleil tape. Soyez prêt à débuter une épreuve en ayant un peu froid, lorsque vous partez courir il s’agit du même phénomène, vous aurez froid au tout début puis votre corps va se réchauffer et vous serez parfaitement disposé à réaliser un effort sans étouffer. La température de l’air est donc au moins aussi importante que celle de l’eau.
Si vous partez en eau salée avec un maillot ou une combinaison un tant soit peu serrée, alors utilisez de la vaseline pour éviter les frottements sur le cou ou sous le bras, voire sur les tétons. Enfin s’il fait beau ne sous estimez pas le pouvoir du soleil sur votre peau et protégez vous, même si vous êtes immergés.
Soyez plutôt vigilant sur le type de lunettes que vous allez porter, un écran clair ne facilitera pas la vision s’il y a du soleil et la buée est à éviter donc lavez bien vos montures au savon avant le départ et n’y mettez pas vos doigts, sinon ce sera le Fog anglais qui vous emmènera dans la mauvaise direction. Choisissez une paire confortable si jamais vous envisagez de vous placer dans une mêlée et de prendre des coups de pieds, de poings et de coudes ou autres pendant votre trajet…
Avant votre départ passez par la case échauffement en partant du bas du corps et en remontant dans le but de vous assouplir et de vous faire monter en température et de vous étirer le dos et les bras le plus possible en insistant aussi sur la nuque. Inutile de courir ou d’imiter une éolienne ou un moulin, des rotations lentes devraient préparer au mieux vos articulations et pour vous faire monter le cardio avant le départ vous pouvez utiliser des mouvements plus efficaces et moins brutaux. Le but étant que vous soyez prêt 10 à 15 minutes avant le départ sans avoir pu nager et donc en capacité d’écouter le briefing de course en vous maintenant au chaud et parfaitement capable de nager vite dès le départ pour vous extraire du paquet.
Au départ était la mass-start.
Car c’est bien ce qui vous empêche de vous inscrire sur une course d’eau libre avec la distance à nager, le départ en mode mass-start comme les triathlon de ma jeunesse avant que des fonds d’investissements ou des gens du marketing décident qu’il fallait partir par vagues et ne plus faire une course ensemble depuis le début et donc ne plus rien comprendre à sa position dans la course… En eau libre on est au départ en ligne (virtuelle) sans toucher le fond et en attendant le son du clairon pour attaquer un 3, 5 ou 10km en visant une bouée que l’on distingue à peine au loin, ou au contraire beaucoup trop proche et où l’on sait que ce virage va être un triste spectacle pour l’humanité, les droits de l’homme et du nageur…
Si en eau libre vous partirez dans l’eau, en triathlon ça débute souvent par un bon sprint sur le sable.
Enfin heureusement cette année encore vous partirez dans un bouillon plus ou moins grand en fonction de votre distance et de la popularité de l’épreuve choisie, une fois de plus le Monte Cristo cette année ce sera 800 à 900 partant en mer, mais le lac de Saint Pardoux sera bien plus calme, y compris pour moi qui part dans les premiers et qui aime bien se frotter sans pour autant donner ou prendre des coups.
Choisissez bien votre position au départ plutôt sur un côté, plutôt à l’arrière, qui sera mon choix sur une traversée de la baie de Saint Jean de Luz, une épreuve très courte de 1850m car sur les premiers mètres au départ de Socoa certains jouent leurs vies ou partent très vite mais par expérience trop vite et en passant se placer au mieux dans l’axe de l’arrivée se montent les uns sur les autres alors qu’en étant plus prudent à l’écart de cette meute, mais bien échauffé et sûr de mon parcours (les bouées d’entrées au 300m sont plus importantes que le reste) je termine dans le top 20 en doublant pas mal de nageurs qui ont du se faire peur et mal.
À ce stade quoi de mieux que vous conseiller d’ignorer toute forme de pression et de nager selon votre allure en cherchant à bien poser votre nage sans partir trop vite et en vous amusant.
Pas facile de s’y retrouver, à vous de rester dans votre course et de gérer votre allure selon votre niveau et la distance.
Car il faudra gérer la distance et son allure, ici c’est l’entraînement qui va conditionner cela et votre capacité à maintenir de la vitesse sur de longues périodes et en parallèle le travail en aérobie pour développer votre endurance fondamentale. Donc avoir fait des sprints sur 25 ou 50m tout au long de l’année ne vous servira pas à grand chose si vous n’avez jamais pu faire 1500m à allure souple non stop où 3×500 à allure de course avec peu de repos entre chaque répétition pour habituer votre corps à affronter le coup de moins bien que vous allez connaitre, plus ou moins tôt en fonction de votre préparation.
J’ai cette habitude de partir trop vite du fait de l’envie de bien faire mais si je double, passé les 500m, beaucoup de nageurs c’est mauvais signe pour eux, logiquement je devrais plutôt être rattrapé au fur et à mesure de mon ralentissement par des nageurs plus stable et capable de maintenir une allure plus longtemps que moi. Donc ne partez pas trop vite ce léger gain va peut être provoquer un ralentissement plus important que si vous aviez maintenu une allure moyenne sur toute la distance. C’est votre première course, vous ne visez pas un podium alors partez bien échauffé mais tranquillement. La course ne s’arrête pas à la première bouée il faudra nager et nager encore pour venir toucher la plaque.
Nagez souple mais nagez droit.
Le reste de mes conseils vont être plus compliqué à appliquer si vous n’avez aucune notion d’eau libre, des virages et de la lecture des courants et autres vagues. Car en milieu ouvert sauf à devoir nager tout droit d’un point A à un point B sans passer par des bouées il faudra jouer avec un grand nombre de paramètres dont la navigation mais aussi le drafting.
Nager en peloton ou pas ne vous épargnera pas de naviguer au mieux.
J’organisais au Liban une traversée dans la largeur de la Baie de Jounieh et sur 3000m la plupart des nageurs partaient bien trop à droite ou à gauche sans être capable d’évoluer si au mieux avec les courants et les vagues, au moins tout droit vers le point d’arrivée. Ils pensaient toujours faire face à l’énorme immeuble qui nous servait de point de repère quand le corps et notamment leurs pieds n’indiquaient plus depuis longtemps le point de départ, ils ne dessinaient pas une ligne droite mais bien une grande courbe qui leur faisait nager 10% en plus de la distance à tel point que les compétiteurs étaient persuadés que la distance réelle est de de 3300m.
Donc si vous voulez nagez vite, nagez moins que le paquet et évitez vous des détours et autres déperditions voire éliminations en ne passant pas autour des bonnes bouées. Regardez aussi souvent que possible la direction que vous visez et restez gainé dans l’eau pour tenir votre cap.
Enfin si vous souhaitez vous économiser (pas en navigation) vous pouvez opter pour une aspiration dans un peloton de nageurs qui comme en vélo s’ils vous encadrent vont vous faciliter la tâche et donc vous épargner un peu d’énergie. En eau libre vous ne pouvez pas drafter comme en triathlon car si vous gênez le nageur de devant qui peut chercher à s’éloigner de vous, vous pourriez être sanctionné d’un carton jaune voire rouge si vous êtes récidiviste. Dans tous les cas si vous collaborez avec un ou des nageurs essayez de prendre des relais ou au moins de ne pas toucher l’autre nageur et de pas le bloquer à une bouée alors qu’il vous tracte depuis 2000m.
Aux bouées justement c’est tout un art de tourner et de ne pas se faire rouler dessus ou enfermer, si vous êtes de ceux et celles qui sont partis au plus large et en dernière ligne vous appliquerez une méthode dite du virage au large pour ne pas connaitre le phénomène précité à chaque changement de direction. Sinon il n’y aura pas, a priori, de virage à plus de 90° (si c’est le cas pensez à ne tourner qu’à un bras et tendre le membre intérieur pour vous protéger de la bouée et des autres concurrents), et un court passage sur le dos ou un peu de contorsion et ce passage technique ne sera qu’un jeu d’enfant où l’on perd ou gagne souvent quelques places, si vous ne jouez pas le chronomètre une fois de plus soyez intelligents et prenez le temps. Si je me permets de vous conseiller de passer sur le dos lors des virages c’est aussi une bonne technique pour récupérer ou pour remettre ses lunettes en évitant de passer en brasse ou de stagner à la verticale qui pourrait vous amener à vous faire percuter par un nageur et surtout vous faire perdre de l’énergie et de la vitesse.
Vous arriverez loin derrière les nageuses élites et ça vous fera méditer sur le sexe fort, un bon point pour l’humanité.
Si vous nagez face aux vagues il faudra surement réduire un peu l’amplitude et augmenter la cadence de bras, en cherchant à vous orienter quand votre tête arrive dans le haut de la vague que vous croisez histoire de voir autre chose que de l’eau. À l’inverse avec une houle dans le dos vous pourrez pousser plus, façon bodysurf pour progresser avec l’onde naturelle en cherchant à glisser sur chaque bras et en vous aidant des jambes.
Pour ce qui est du courant si vous ne connaissez pas l’endroit, la marée et les rivières alentours regardez le plan d’eau avant le départ mais surtout prenez des infos auprès des nageurs locaux et dans une rivière vous pouvez aussi éviter de nager contre le courant et trouver des endroits où il sera moins contraignant, l’eau est déjà 800 fois plus dense que l’air pas besoin d’en rajouter…
Vient enfin l’arrivée, du moins la vision de cette ligne d’arrivée qui est constituée bien souvent d’une plaque qu’il faudra frapper avec la main porteuse du transpondeur que bien des triathlètes portent à la cheville par habitude, et qui auront bien plus de mal à apparaitre dans le classement officiel à défaut de pouvoir valider leurs chronomètre. La fatigue aidant il est bien plus difficile de venir claquer cette plaque qu’il n’y parait car elle semble avance au même rythme que vous dans les derniers mètres et na jamais vouloir se laisser rattraper. Soyez intelligent ici encore et poussez avec les jambes un peu plus fort en cherchant à ne pas trop maltraiter la technique naviguez bien pour ne pas rater l’entonnoir d’arrivée et essayez de sprinter s’il vous reste un peu d’énergie, sinon terminez au mieux en cherchant de la glisse et avec le sentiment du travail accompli. S’il s’agit d’une sortie terrestre pour passer une ligne comme en triathlon alors ne négligez pas les jambes afin de pouvoir vous porter après cet effort à l’horizontal, en augmentant la cadence de battements et en nageant le plus loin possible pour ne pas avoir à courir avec de l’eau jusqu’à la taille…
L’eau libre est un sport magnifique et si vous êtes un nageur moyen vous y trouverez un sentiment de liberté et de belles amitiés pour peu que vous ayez en club un entrainement minimal pour nager cette distance sans problème.
Me voilà inscrit à plusieurs longues distances cette année dont un 15km à enchainer derrière un 10km à Saint Pardoux mais aussi un 25km à Rouen le lendemain d’un 10km pour ouvrir la saison de Coupe de France sur une maudite épreuve Aqua Challenge (mot compte double au classement) ce qui fait que je joue 1/3 de mes kilomètres totaux et un peu plus de mes points sur un week end de reprise de la compétition en eau libre. C’est assez osé mais le pari peut être payant en terme de classement. Le point positif de cette épreuve : l’organisation (les Vikings de Rouen) est très bonne et si la météo n’est pas garantie en ce début de mois de juin, je connais déjà ce lac dans lequel j’ai fait en 2017 un 10km en 2h22.
Le reste de la saison sera une alternance de 5km et de 10km en mer ou en lac pour viser les 2000 points au final et un place à nouveau dans le top 5 de cette coupe de France dans une catégorie où Axel Reymond a pris place cette année. Le kid ayant plus de 26 ans désormais il faudra éviter de prendre des tours et se la jouer une dernière année avec les torpilles de l’équipe de France et autres.
L’affiche de l’an dernier qui promet une rencontre avec Ragnar Lothbrok et sa troupe, cette année il faut prévoir une catégorie super élite pour le 25km
L’enjeu sera donc de terminer ce long week end (10km le samedi soit 4 tours et 25km le dimanche soit 10 tours) et bien négocier l’hydratation et la récupération.
Un peu à l’image des courses en montagne, on peut classer les compétitions en eau libre en 3 catégories selon des critères simples. Pour ma part, un 5km que ce soit en lac ou en mer est une distance que je maitrise parfaitement, à l’inverse si la distance est raccourcie, un 3km ou moins, il s’agit d’un sprint qui va me faire mal au bras et en terme de classement. Mais le semi marathon est un exercice maitrisé sur lequel je vise un classement et un chronomètre de référence. Ma meilleure marque étant autour de 1h06 au Monte Cristo sur une course facile en mer.
Un 7.5-10km se joue essentiellement dans la tête et une défaillance n’est pas impossible on dépasse la distance nagée quotidiennement à l’entrainement et la nutrition/hydratation est un point stratégique, les conditions de course peuvent aussi influencer négativement ce genre de journée. Nager seul notamment et n’avoir aucune chance de remonter sur des nageurs qui vont s’éloigner logiquement va vite peser sur la seconde moitié de la course.
Enfin toutes les distances qui vont se situer au delà de 15km sont synonymes non pas d’inconnu mais de test où il s’agira juste de ne pas craquer, le chronomètre, s’il se joue encore sur un marathon, n’est plus de mise sur une telle distance, finir dans les délais selon les critères de course et ne pas exploser, ne pas souffrir physiquement, le mental sera déjà suffisamment dans le dur.
Alors me voilà confronté à un défi majeur dès mon premier week end de compétition avec un enchainement inconnu, 10km et 25km en moins de 24h, si j’ai déjà privilégié, depuis 2017, les week ends de compétition à 2x10km il faudra se rappeler que l’an dernier j’avais débuté la saison à Paris pour l’Open Swim Stars et que le 2km du dimanche avait été très dur à enchainer après la longue distance de la veille au soir.
Je mise d’abord sur une préparation plus aboutie autour de 3 thèmes :
Du volume d’abord mais en privilégiant les sessions qualitatives et donc en insistant plus sur l’intensité que sur la seule distance. L’objectif étant autour de 28km par semaine sur 5 à 6 jours.
S’il est assez rare que je réalise des sessions de plus de 5-6km il est assez commun qu’une journée se divise en 2 sessions de 4km et que la seconde soit réalisée en club avec quelques sprints bien placés.
Enfin un travail technique basé sur la prise d’eau et les appuis sous marins afin de garder la meilleure propulsion possible, mais aussi sur la fréquence de bras en faisant quelques sorties en prone paddle board.
Il s’agit d’une planche type surf destinée à la rame allongée ou à genoux, qui permet d’évoluer en mer (ou en lac) à un régime sous la minute au 100m et à une cadence de bras bien plus élevée qu’en natation (70 rpm+). Il y a dans cette pratique une forme de souffrance pour le dos et la nuque ainsi que pour les épaules et les bras que l’on ne retrouve pas en natation du fait d’un retour aérien plus relâché et d’une position plus naturelle dans l’eau que sur la planche.
Alterner les disciplines et se mesurer à d’autres athlètes en prone, sauvetage côtier ou en surf et en Mountain Bike voilà une saison bien remplie digne d’un retour au Pays Basque
Il y a tout de même pas mal d’avantage à ce sport et aussi un grand plaisir à évoluer en pleine mer, en pouvant boire facilement depuis un porte bidon situé devant la tête et de pouvoir s’arrêter pour admirer le paysage et la côte d’un point de vue unique.
J’ai donc pas mal pratiqué depuis le printemps cette discipline afin de dédoubler des sessions et de nager 2 à 4km après avoir déjà réalisé plus de 5-6km sur la planche (soit 45-60’ de rame pour fatiguer l’organisme). Je participerai d’ailleurs à un 12km à la rame à Lacanau mi Mai afin de travailler encore plus les bras en essayant de suivre des rameurs plus affutés que moi sur différents engins (pirogues, OC1, SUP…) avec comme objectif de maintenir une allure donnée en fonction de la météo (autour de 1′ max au 100m soit 10′ au km).
Dans le genre, une journée dites des 3×50 minutes fut un délice pour préparer un peu mieux les 10km en eau libre, il s’agissait de faire 50 minutes de rame avec une cadence bien élevée (plus de 68-77 rpm) non stop sans jamais ramer à genoux, puis de se changer et nager 50 minutes en mer à une allure qualifiée d’aérobie pendant 50’ à 1’28 ou moins (plus facile pour moi en mer de tenir cette allure). Enfin d’enchainer après un petit break une session d’une heure en piscine en club avec les copains qui envoient sur 25-50m ou plus.
Résultat, 6km en prone paddle, 3300m en mer et en piscine en finissant fort et sans problème.
Une session en piscine après une journée passée sur la planche et en eau libre, du fractionné qui fera du bien le jour J pour garder une allure plus facile. On voit que la vitesse est bonne en fin de session.
Le but sera de renouveler une ou deux fois cet entrainement en haussant un peu les durées et/ou les allures afin de fractionner utilement un effort de type 10km en eau libre en compétition. Cela devrait me permettre de terminer plus fort sur cette distance et de renforcer le mental sur la deuxième moitié de la distance.
Pour ce qui est de la préparation au 15km et au 25km, je me dirige vers un 17km en piscine en profitant d’une après midi complète 10 jours avant le week end de Rouen, soit 5 heures de nage non stop en bassin de 25m afin de nager en régularité et tester une hydratation bien dosée afin d’avoir un apport calorifique et une concentration (osmolarité) approximative de 284mmol/l quand l’idéal se situe autour de 240mmol/l pour rester sous celle de la concentration du plasma humain (280-300 mmol/l) vers lequel cette boisson et ses apports nutritifs doivent se diriger afin de rester hydraté et alimenté en sucres.
Mon choix se porte sur une boisson isotonique que je vais constituer moi même avec de l’eau minérale type Thonon ou Evian (39cl) avec un morceau de sucre (saccharose), une pincée de sel (1g+), 25ml de jus de citron et 10cl de jus de pomme par demi litre d’eau. Vous l’aurez compris c’est assez facile de trouver ces ingrédients un peu partout dans un supermarché et de se souvenir de la recette.
Le résultat théorique sera une boisson un peu trop concentrée (44mmol/l de trop ) mais disposant d’un apport de glucides à son maximum (16g/demi litre) pour 64kcal, ce qui me laisse l’occasion d’ingérer un gel ou une compote, voire une banane pour mâcher un peu… Je me situe dans la moyenne basse de ce que mon corps tolère en apport glucidique par heure (80g) et je reste largement sous la barre des 20g/h de fructose qui sont souvent synonyme de maux de ventre. Enfin les 473mg de sodium vont permettre de reconstituer les réserves du fait de la transpiration (à condition de ne pas nager en combinaison Néoprène sous le soleil) qui devrait se situer autour de 600 mg/h, et un fort pouvoir sucrant devrait me changer du gout de l’eau du lac et permettre à mon cerveau de prendre un bon coup de boost à chaque ravitaillement.
Un exemple d’une boisson bien concentrée qui joue son rôle et diffuse du glucose dans le sang sans trop de vidange gastrique.à l’inverse un exemple ce qu’un gel ou un coca peut provoquer pour votre organisme.
Lors du 25km, je devrais boire un demi litre toutes les heures et les ravitaillements auront lieu toutes les 40-45 minutes. Un demi litre m’attendra à chaque fois et si je ne bois pas la totalité il faudra au moins en vider les 3/4 pour être sûr de rester hydraté et alimenté pour finir cette course en moins de 7h sans avoir à uriner trop souvent ce qui voudrait dire que le liquide se dirige vers la vessie un peu trop vite sans donc apporter ses nutriments au sang.
La session en piscine étant fixée à 5h non stop, elle me permettra de valider la quantité buvable, le goût mais aussi la sensation de faim sur la durée. Il faudra combattre l’ennui du bassin qui sera plus facile à faire passer en eau libre grâce aux tours pas si nombreux que cela (10x2500m +/-) et aux autres concurrents et ravitailleurs. Par contre je n’aurais pas de montre le jour de la compétition (logiquement interdit en coupe de France) alors qu’en piscine j’aurais une chrono et une distance indiqués à mon poignet, ce qui peut aider aussi à garder un rythme notamment à travers une alerte tous les 500m afin de garder un certain rythme qui peut m’amener à nager presque 18km si le mental est là.
Enfin le jour J à Rouen, en ayant bien mangé et bu depuis les dernières 72 heures je devrais être capable de terminer la course à 80% de ma puissance maximale sans me mettre dans le rouge et sans souffrir. Le rendez vous est pris ce sera dans un mois.
Depuis la fin de l’année 2018 la fédération française en développant les épreuves sous un label EDF aqua Challenge veut nous imposer le port du restube sur des épreuves d’eau libre comptant (double) pour la coupe de France et donc s’adressant avant tout à des nageurs licenciés et compétiteurs. J’insiste ici sur le fait que la communication de la fédération s’est faite à la fois autour du concept un peu dépassé c’est le cas de le dire de se confronter avec l’élite nationale (junior ou sénior) en eau libre (moins d’une heure au 5km) pour un grand public mais aussi sur des mots tels que « challenge », « défi » ou autre champ lexical que l’on peut retrouver sur des triathlons ou autour de la machine à café un lundi matin pour impressionner ses collègues sédentaires. Il semblerait donc que maintenant que cette discipline de l’eau libre pour se développer ait besoin de ressembler aux supermarchés du sport que sont les marathons, triathlons et autres courses « grand public » qu’il faut traduire par une hausse de l’inscription et par une participation massive (la règle étant 3000 triathlètes minimum dont 50% de débutants et 80% de finishers (un terme qui va arriver chez nous j’en suis sûr) pour IronMan® la marque chinoise qui organise les triathlons du même nom. Et miracle de l’expansion, pour accueillir ces milliers de nageurs (non licenciés si on suit le modèle économique du triathlon) la fédération propose une solution afin de les rassurer dans ce « défi » et leur plaçant un Restube sur le dos.
Ce dispositif est composé d’un sac banane contenant un dispositif de gonflage avec une cartouche de CO2 en aluminium (uniquement celle validée par Restube celles que vous utilisez ou pas pour faire du vélo ne sont pas garanties et un boudin jaune de 7.5 litres relié au sac en question par un leash. Vendu pour permettre au nageur de se reposer les saisissant la bouée qui dispose en quelques secondes après avoir tiré la languette (faussement appelé gâchette sur le site) de 75N de flottabilité (annoncé mais pas certifié). En parle ici de Newtons sachant que 10 Newtons correspondent à 1.01kg force de flottabilité et si cela ne vous dit toujours rien faisons la comparaison avec un bon vieux gilet de sauvetage.
Il existe en la matière 4 normes soit EN393 (50 newtons), EN395 (100 Newtons), EN396 et EN399 et notre système allemand lui ne possède aucun norme mais voudrait se situer entre les 2 premiers qui correspondent à un utilisation en eaux protégées où les secours sont à proximité et garantie la flottabilité seulement à une personne consciente pour le premier ou inconsciente dans le second cas sans en garantir le retournement sur le dos pour autant. Notre dispositif à boudin gonflable souffrant ici d’aucune garantie de fonctionnement ou de déclenchement (aucune norme n’est mise en avant par la société restube) et en se gonflant à une distance raisonnable du nageur ne garantie pas du tout la flottabilité de la personne mais juste de sa remontée vers la surface et en cas d’inconscience ce dispositif ne servira à rien (impossible à tirer et impossible à maintenir à la surface ou à retourner sur le dos). Car un gilet gonflable dispose d’un système de percussion automatique dont la start up de Karlsruhe ne dispose pas et pas plus que d’une quelconque norme d’utilisation ou de fiabilité dans le temps notamment en cas d’utilisation en eau salée. On dispose donc d’un objet rassurant peut être mais la peur ou son absence n’éloigne pas le danger et encore moins la responsabilité. En la matière je préfère militer pour la responsabilité personnelle et la formation en club autant à la nage, aux dangers de l’eau libre et aux notions de secourisme afin de pouvoir intervenir lorsque j’évolue dans ce milieu. Mieux vaut donc compter sur soi et se coordonner avec les secours mis en place par la mairie en se renseignant d’abord lorsque l’on va nager et en prévenant le poste de son trajet qui en échange peut indiquer les endroits à éviter (courants ou autres) et les dangers éventuels (méduses ou pollutions). En compétition c’est un peu différent on jour le chronomètre mais on peut aussi permettre aux équipes de secours de mieux repérer les nageurs mais cette visibilité notamment dans des vagues ne se fera que grâce à une bouée de couleur pré-gonflée qui aura l’avantage aussi de ne pas se faire sentir lors de la nage (ou presque pas soyons honnête quand il y a du vent de dos c’est ennuyant).
2019, j’appuie sur la gâchette ou je tire la languette?
On ne pourra ignorer le poids et la contrainte physique sur les lombaires pendant une longue distance mais on ne pourra jamais savoir si le dispositif sera opérationnel lorsque l’on voudra tirer sur le languette pour actionner la gâchette qui viendra percuter la cartouche de CO2 et gonfler le boudin qui on l’espère alertera les secours. Car c’est ainsi que ce dispositif est pensé, pour se reposer ou signaler un problème au secours. Si nous n’étions pas en compétition je pourrais comprendre le principe de vouloir se reposer lors d’un petit swim trek mais alors pourquoi ne pas avoir une bouée déjà gonflée que l’on tirer derrière soit avec dedans ses vêtements, une serviette, une boisson qui en plus permettra aux autres utilisateurs de cette bande des 300mou plus de visualiser le ou les nageurs lors de leur baignade et éviter ainsi un accident avec un jet ski, un bateau sortant d’un port ou de souffrir d’une hypothermie en sortant de l’eau loin de son point d’entrée et de disposer tout de suite de ses affaires afin de se sécher.
Ces bouées à gonfler et à tracter que l’on peut remplir de près de 12kg de vêtements ont d’ailleurs été adoptées par un grand nombre de nageurs en eau libre pour se signaler (aux secouristes qui l’apprécient d’ailleurs) et éventuellement se reposer si nécessaire. Cette bouée, ou toute autre bouée ne pouvant s’ouvrir, ont été aussi choisi par bon nombre d’organisateurs de traversées qui ont d’ailleurs abandonné le Restube pour tous les problèmes cités plus haut. Donc nous avons un système ne répondant à aucune norme, ne permettant pas de soutenir quelqu’un d’inconscient ou dont on est pas sûr que l’on puisse l’activer si les mains sont froides ou dans un passage à vide où l’on manquera de force, qui ne permet pas la visibilité et qui pèse sur les lombaires du nageur sans lui permettre d’embarquer quoi que ce soit d’autre avec lui qui lui serait utile (une boisson, un gel, un sifflet…) Rajoutons que l’on ne peut voyager en avion avec des cartouches et que l’entretien et la vérification du système reste assez obscure. Enfin rappelons que lors d’une nage en compétition peu de personne voudront se reposer en cours de route et que l’on est plutôt dans l’ère du finisher qui se mettra minable pour passer la ligne d’arrivée contre tous les appels de son corps défavorables à ce projet d’une « vie » (crampes, maux de ventes, maux de têtes…) et que ce profil là ne tirera jamais la languette de son restube, de toute façon il nage déjà en combinaison néoprène et la flottabilité de son corps et déjà en partie assurée par les 5mm de Yamamoto de celle-ci.
Rajouter des risques aux risques déjà existants, un effet en trompe l’oeil :
Enfin pour quelqu’un de licencié en eau libre qui veut concourir en coupe de France il arrive que l’organisateur fixe un temps limite (parfois assez court) ce qui voudrait dire que le public visé est plutôt compétitif mais à ce même public que l’on sait s’entrainer en club et participer à 2 ou 3 compétitions ou plus sur 2, 5 ou 10km, on va imposer ce dispositif pour leur sécurité. Mais malheureusement la sécurité dans l’eau est de la responsabilité du Maire de la commune dans laquelle la compétition ou la nage est organisée (même en dehors de toute déclaration préfectorale ou de simple baignade en dehors de toute surveillance du plan d’eau) dans la zone des 300m. Ce dispositif ne viendra jamais retirer la dite responsabilité à l’élu local et donc l’obligation d’avoir un certain nombre de sauveteurs (BNSSA) sur l’eau et au sol afin de garantir la sécurité des nageurs qui pourraient se noyer. Car dans l’eau le problème majeur est bien celui là, et les secouristes parlent de différentes phases dans la noyades (primaire et secondaire) et de 4 stades allant de l’aquastress à l’anoxie en passant par l’hypoxie. Mais ce dispositif ne pourra être déclenché que dans le cas d’un stade 1 à 3 si et seulement si la victime est toujours consciente, capable de le faire et que le dispositif est atteignable, qu’il fonctionne correctement et que la victime arrive à récupérer le flotteur qui se situera dans son dos. Le montant d’un tel dispositif sur une compétition de plus de 500 nageurs pourrait être réservé à défrayer des sauveteurs et des bateaux ou kayaks afin de sécuriser le parcours complet car en cas d’accident la responsabilité de l’organisateur (et du Maire) sera toujours reconnue avec ou sans Restube. La formation et la prévention, auprès des nageurs licenciés ou non, pourrait aussi bénéficier de ces montants afin de faire connaitre l’eau libre et ses dangers mais aussi ses plaisirs, sans contraintes. Sans communiquer avec un langage anxiogène auprès d’un grand public souvent déjà méfiant à l’idée de nager dans un lac ou un canal.
Rajoutons pour terminer ce charmant tableau que le dispositif va inévitablement occasionner des frottements le long de votre taille ou de vos hanches et donc créer des rougeurs, au mieux, ou des blessures qui rendront les kilomètres de plus en plus compliqués à accumuler notamment quand il faudra rengager le lendemain pour amortir un peu son week end de coupe de France. Voilà pourquoi en tant que nageur d’eau libre participant depuis 3 ans à la Coupe de France je souhaite refuser le port de cet objet inutile et lourd qui me fait penser à un plan vigipirate ou sentinelle, à savoir totalement inutile et impropre à assurer une quelconque sécurité mais qui rassure et coute beaucoup plutôt que d’être efficace. Je refuse d’assimiler l’eau libre à une pratique qui sans Restube serait inconsciente et je retourne cet argument aux organisateurs qui me l’imposeront, ce sont eux les inconscients et les irresponsables quand ils pensent que mettre 900 nageurs dans l’eau à un départ de Monte Cristo avec un Restube correspond à un critère autre que financier…
Après avoir fait du pied à la communauté de nageur en eau libre en diffusant bon nombre de calendriers de compétitions en Europe il est temps de passer aux choses sérieuses et donc à la programmation en parallèle de sa saison, des pics de formes qui vont intervenir aux moments clés (un championnat, une longue distance, une course ciblée en particulier… en fonction des objectifs) et donc se donner les moyens d’y arriver en se préparant minutieusement.
Il s’agit ici de décrire une saison complète avec différentes compétitions pendant une saison estivale allant de mai à octobre (donc 6 mois de l’année) ce qui est commun à de nombreux sports d’endurance dont le triathlon notamment et qui pourrait donc être adapté (voire qui s’inspire d’une telle discipline) en terme de préparation.
Le but est donc de performer au fur et à mesure de cette saison en ciblant disons 3 pics de formes en début, milieu et fin de saison durant ce semestre de compétitions et donc d’avoir un semestre préalable d’entrainement.
Pour faire simple ces 6 mois vont se découper en 4 phases, à savoir le travail d’endurance fondamentale et la technique, la vitesse, l’allure de course et enfin l’affutage final en vue du pic attendu.
Là c’est clair, plus question de reculer, mais si on s’est préparé de manière efficace tout devrait bien se passer car le pic de forme c’est aussi avoir une stratégie et des tactiques en course le jour J.
S’il sera donc « facile » de se préparer pour le début de saison en suivant ce type de plan il restera à savoir comment gérer le deuxième puis le troisième pics de forme au cours du semestre de compétition en accumulant la fatigue et parfois les mauvais résultats, en retrouvant ou pas de la motivation et de l’envie et de reprogrammer ou pas un travail d’endurance au sein de cette phase. Ce débat qui n’est pas tranché sur le plan scientifique sera débattu dans un article qui suivra, pour l’instant nous allons nous pencher sur la stratégie à mettre en place dans la préparation pour améliorer ses performances sur des courses d’eau libre allant de 2.000 à 10.000m. Reste aussi la dure question de la période d’affutage qui consiste à réduire le volume des entrainements en ne gardant que quelques séances intensives pour convier le pic de forme au jour J, entre 10 et 15 jours le débat scientifique est compliqué mais il reste sûr que les jour J moins 10 et moins 4 sont primordiaux pour être à 100% le matin d’une compétition.
Alors maintenant que nous avons dessiné notre saison, à savoir 6 mois de préparation et 6 mois de compétitions rythmés par des reprises d’endurance ou de vitesse afin de se relancer au cours de ce long et important second semestre, il faut encore trouver un entrainement qui soit en accord avec la discipline de la natation en question. Le but étant d’être performant, comprendre atteindre ses objectifs fixés en début de saison.
Pour cela il va falloir comprendre que le corps humain fait face à une grande problématique, celle de la résistance de l’eau qui est 800 fois et quelques plus dense que l’air. Le nageur étant dès lors, aussi bien le projectile, en permanence, que le propulseur, de manière alternative. Et qu’il existe différents modes ou niveaux d’organisation dans la construction du corps en tant que projectile et propulseur quelque soit le niveau de performance souhaité.
Tirer de l’eau de manière efficiente le plus tôt possible et le plus loin possible.
Les principales composantes de cette performance sont la technique, la force et l’endurance et leurs inter-actions au moment donné en nage complète dans les conditions réelles. Enfin que la notion de distance par cycle de bras est bien un effet scientifiquement observable du niveau de construction ou d’organisation du corps en question. Mais que s’il est connu que les nageurs vont de plus en vite en utilisant toujours moins de mouvements possible pour cette distance ce résultat n’est pas la cause de leurs performances mais bien une conséquence.
Dès lors on peut mettre en place un certain nombre d’entrainements afin d’améliorer la vitesse du nageur. Et voilà donc les points sur lesquels on pourra chercher à s’améliorer pendant cette longue période de préparation. Vous verrez il n’y aura que peu de temps mort, la préparation hivernale est surement la phase la plus importante, d’où l’importance d’avoir une visibilité sur le long terme.
Car au cours de ces 6 mois il va falloir beaucoup travailler dans un seul but être plus puissant, cette puissance n’étant que le résultat d’ une meilleure endurance, d’une plus grande force et d’amplitude combiné à une haute fréquence de bras.
Tous les points suivants sont essentiels à une réelle progression, car n’améliorer que son endurance, ou sa force, voire sa fréquence, n’agira pas au final par un réel gain de puissance. Et comme nous évoluons en milieu ouvert ne pas oublier aussi qu’aucun effort ne servira si le nageur n’a pas une analyse stratégique et tactique des courses d’eau libre car comme disait la publicité (ratée) du XXème siècle, sans maitrise la puissance n’est rien. Nous aborderons ce dernier point, concernant la tactique de course dans un autre article. Pour l’instant voyons les grands contour de notre préparation :
Première étape : améliorer l’endurance.
C’est l’étape inévitable pour pouvoir s’aligner sur une course de fond car il va falloir être tout simplement capable de nager pendant 2 à 10 km certes en réduisant sa vitesse mais le corps devra tout simplement en être capable et c’est souvent la question principale qui ressort de mes discussions avec des nageurs débutants : suis je capable de nager telle ou telle distance?
L’endurance est primordiale mais pour autant il n’est pas nécessaire de se transformer en porte conteneurs.
Il s’agit pourtant de la partie la plus facile à développer. D’une part parce que l’on peut améliorer ce secteur dans la vie de tous les jours (en marchant, en courant, en vélo-taf, voire en faisant une autre activité qui ne nécessite pas d’avoir une piscine à sa disposition). Le principe est simple, on part d’une durée d’exercice que l’on peut soutenir en l’augmentant au fur et à mesure pendant un cycle de 3 à 6 semaines selon son état de forme initial. On parle ici de quantité de travail, on le verra ça n’est pas un critère très efficace mais il est nécessaire avant tout.
À titre d’exemple un nageur qui aurait un routine de 2000m à chaque séance à raison de 3 séance hebdomadaire (je ne parle pas encore de modifier le contenu de celle-ci) va simplement passer progressivement à 6.500m par semaine pour atteindre en fin de cycle 10.000m toujours réparti sur 3 ou 4 séances de natation ( il aura donc à augmenter son volume de pratique, et si possible en venant à la piscine à pied ou en vélo, en montant des marches plutôt qu’en prenant l’escalator et en faisant pourquoi pas une sortie longue dans un autre sport une fois par semaine si l’occasion lui est donné (ski de fond, de rando, raquettes, marche, vélo, pirogue, stand up…). Cet aspect des choses comme je le disais est souvent un préalable à toute performance en endurance, il est pourtant mal compris du sportif amateur qui va souvent ne se concentrer que sur cet aspect volumétrique, or voilà les points qu’il pourrait négliger.
Améliorer sa force
Sur ce point là nul besoin de prendre un abonnement dans une salle dans laquelle vous n’irez pas, mais au contraire un travail dans l’eau avec ou sans plaquettes fera l’affaire pour arriver à tirer fort sous l’eau le plus tôt possible et au plus loin possible derrière vous ce qui rejoint donc le point de la technique et de l’amplitude. Et ce sont ces deux points qu’il faudra particulièrement travailler pour d’une part, être sûr de faire le bon geste et donc de ne pas se blesser notamment aux épaules (deltoïdes ou coiffe des rotateurs) par répétition. Donc plus on cherche à augmenter sa force en tant que nageur plus je conseillerais de chercher en parallèle à réduire la force de résistance de l’élément liquide mais aussi de son propre corps.
Le travail dans l’eau avec des plaquettes peut être nécessaire mais honnêtement sans technique cela ne servira qu’à se blesser.
Le relâchement aérien et le retour du bras avec le coude haut sera l’objectif numéro un, ce qui permettra l’entrée dans l’eau la plus optimale possible et la moins brusque possible afin de mettre toute son énergie dans la poussée sous marine. Ici on cherchera la verticalité de l’avant bras le pus tôt possible le coude restant haut sous l’au pour s’appuyer sur l’eau de manière efficace en poussant vers l’arrière et non pas vers le bas.
Ne pas négliger la position de la tête et la capacité à la lever pour naviguer mais aussi à la dissocier du tronc pour l’isoler.,
Et toujours dans un soucis de propulsion ne pas négliger le battement de jambes pour gagner aussi en force à ce niveau là et à la position horizontale du corps pour freiner le moins possible dans l’eau.
La navigation, les bouées et les autres nageurs, auxquels il faut rajouter les courants, la température et les autres nageurs, voilà les nombreuses contraintes de l’eau libre, et il faudra rester en maitrise tout au long de la course.
Car l’idée principale reste que la tête soit le commandant en chef sous l’eau et que le reste à savoir le corps soit indéformable (gainé) et qu’il emploie tous les moyens nécessaire à aller vers l’avant (dans un alignement parfait de l’axe) en prenant appui sur la plus grande masse d’eau possible que l’on va pousser vers l’arrière en accélération constante.
Afin de travailler cette force pure et athlètique, il faudra donc peut être en passer par des exercices généraux ou de prévention (notamment sur les rotation externe, les épaules ou les lombaires), des exercices orientés sur la rotation interne et enfin du spécifique avec des élastiques. Je ne m’attarde pas sur ces exercices je reviendrai là dessus en temps utile dans un article détaillé.
On va donc passer par plusieurs phases afin d’abord d’obtenir une remise en condition nécessaire et préalable à la suite à savoir l’acquisition de la force de base puis au développement de la force explosive et dans un quatrième temps de la force d’endurance. Le dernier stade sera consacré à l’obtention de la force d’endurance explosive. Le processus est long et compliqué il faut donc ici aussi savoir ce que l’on cherche et toujours combiner ces exercices avec de la souplesse et de la mobilité afin d’améliorer sa technique, sans technique la force n’est rien.
Améliorer sa fréquence
Tout simplement parce que le moteur du crawl ce sont les bras et qu’il va falloir projeter le corps face à un élément liquide bien plus dense que l’air et durant un geste où tout juste 3 à 7% de l’effort servent réellement à ce déplacement vers l’avant malgré tous les freins. Que la force étudiée plus haut multipliée par la vitesse de bras vont vous donner la puissance que l’on cherche à obtenir, et plus encore, à conserver le plus loin possible jusqu’au sprint final.
Il va falloir donc dans la technique, encore et toujours, apprendre à se relâcher hors de l’eau pour pouvoir revenir vite et être disponible plus souvent et efficacement en phase propulsive.
Être capable de faire tourner les bras à une cadence optimale car si l’on veut passer moins de temps dans l’eau l’équation est très simple il va falloir que l’on divise la distance par la distance que l’on fait sur un cycle de bras et donc multiplier celle-ci par une vitesse si possible élevée afin d’arriver dans les temps voulus. Il faut donc comprendre que la technique et l’amplitude sont un préalable à tout travail de vitesse.
Drafter est possible en théorie en eau libre à condition de ne pas gêner le nageur de devant mais de toute façon soyez prêt à faire pas mal de variations de vitesse au cours de votre longue distance
Sachez que les meilleurs nageurs au niveau mondial tournent à 80rpm sur une distance de 10km, ce qui donnerait dans un bassin de 50m une quarantaine de coups de bras (ou tout juste un peu plus) à vitesse de course, et non pas en moins de mouvements possible.
Et à nouveau on se confronte à notre discipline qui est fait de nombreux paramètres que le nageur de bassin même sur 1500m ne rencontrera jamais, à savoir les courants, les vagues, le vent ou tout simplement les autres concurrents ou les ravitaillements. Car il faudra aussi pouvoir varier cette cadence de bras en fonction de ces critères ou moments propres à notre discipline pour rattraper ou s’extirper d’un groupe, pour aborder une bouée ou enfin pour taper la planche avant vos compagnons d’échappé qui vous massent les pieds depuis 7000m.
Voilà donc la recette complète d’une saison d’eau libre et notamment de sa période la plus ingrate, dans laquelle on est plongé présentement, la préparation hivernale.
Il est très dur de trouver et donc de réaliser un tel calendrier qui reprendrait l’ensemble des étapes d’eau libre aussi bien celles sous le label Fina et donc des fédérations nationales en France, Italie, Grèce, Espagne, en Croatie et ailleurs, mais aussi toutes les traversées appartenant à des organisations privées et qui proposent aussi de belles épreuves dans ces mêmes régions (OceanMan, Marathon, Open Swim Stars et autres).
Pourtant tout au long de cet hiver je vais chercher à amasser quelques données afin de renseigner la petite communauté de nageurs qui pourrait suivre ce Blog à la recherche aussi de belles épreuves.
Le 15 janvier la ffn a mis en ligne son calendrier complet, on le retrouve ici :
Nouveauté cette année des épreuves allant jusqu’à 15km notamment à Saint Pardoux ou à Mâcon.
Le calendrier me semble plus resserré que l’an passé mais avec la confirmation des épreuves aquachallenges dont on ne sait pas trop à quoi elles servent si ce n’est à augmenter le nombre de participants (ça peut être une bonne chose mais honnêtement qui a envie de faire un départ avec 950 nageurs à Marseille?) mais aussi le prix des inscriptions (pour justifier un tee shirt de finisher?) et le port du restube malheureusement.
Nos amis de Marnaton ne proposent que 5 dates mais des distances allant jusqu’à 12km :
Le label OceanMan prend de l’ampleur et vient, la nature ayant horreur du vide, remplacer l’Eurasia Swim cup sur le terrain Russe notamment. L’étape italienne reste l’occasion de traverser les 14km du lac d’Orta.
Pour ceux et celles qui comme moi aiment nager en pleine ville et profiter des transports en commun pour rejoindre des amis et se jeter à l’eau sur de belles distances (10km à Paris depuis Bondy), je ne saurais trop vous conseiller d’aller tenter votre chance chez Open Swim Stars, je n’en ai que de bons retours et à mon sens ces épreuves pèsent sur la communauté et sur les autres organisations qui s’en inspirent, dont la FFN par exemple.
Enfin je termine provisoirement ce tour d’Europe par le circuit Gran Fondo qui lui propose de belles étapes en mer ou en rivière avec régulièrement des distances de 17 à 24km dont Corse Sardaigne. L’italie, la Croatie mais aussi les Pays Bas , la Hongrie ou la Slovénie méritent qu’on s’y penche car de belles traversées sont aussi à explorer.
Enfin dès que les dates seront confirmées ce seront des traversées Basques dont je ferai la promotion et sur lesquelles j’espère croiser pas mal d’entre vous. Une première pour débuter :
Pour ceux et celles qui aiment les statistiques voilà une évolution des distances que j’ai nagé depuis 2016
Après avoir plafonné autour de 800km les deux dernières années, J’ai pu nager plus de 1260km cette année en piscine et en eau libre pendant 12 mois avec une coupure en fin d’année, soit 320 séances de natation. À quoi il faut rajouter pas mal de vélo.
J’avais mis une grosse option sur l’augmentation de la distance pour passer un cap dans mon entrainement, au détriment de la vitesse ce qui s’est ressenti sur les 10km, mais qui m’a permis aujourd’hui de gagner en endurance, en force sans aucune blessure, avant de me replonger dès janvier prochain dans des séries de sprints pour améliorer mes temps sur notamment 3 et 5km. (Pour cette année 39’51 sur 3km et 1h06 sur le 5km du Monte Cristo)
La courbe la plus foncée est celle de 2018 avec 105km par mois jusqu’à la fin de saison qui amorce une descente vertigineuse…
Je boucle donc 2018 en ayant fait près de 15 compétitions soit 81km (dont 5 distances marathon).
Je termine, à nouveau 5ème du classement coupe de France pour les maitres 1 et dans le top 30 au niveau Européen lors des championnats de la LEN en Slovénie sur 3 et 5km.
L’an prochain sera beaucoup plus orienté vitesse, le fait d’avoir rejoins non pas un mais deux clubs, l’un de triathlon et l’autre de sauvetage côtier me permettant de travailler notamment ce point-ci mais également d’améliorer pas mal de sessions de manière qualitative.
Des traversées en pleine mer entre copains voilà surement ce que je préfère dans cette discipline.
Le programme 2019 lui sera fait de belles traversées au Pays Basque et de quelques compétitions notamment des 5 et 10km ici ou là en Europe, peut en Italie et en Catalogne pour aller me confronter à un plateau relevé et découvrir de nouveau spots.
En aout prochain se dérouleront les championnats du monde masters en Corée du sud, l’occasion si cela est possible d’aller me confronter au meilleur sur 3km et de ramener une belle performance avant de basculer chez les plus de 45 ans.
J’ai eu encore un énorme plaisir à rencontrer des eau libristes tout au long de l’année, aussi bien au Liban (ATCL) que ceux du Paris Aquatique, de Nîmes, de Montpellier ou d’ailleurs, de partager quelques sorties avec les collègues basques ou encore avec Babette lors de la traversée Hendaye Saint jean de Luz.
Même nager seul en combinaison ne donne aucun sentiment de culpabilité.
Je vous donne rendez vous l’an prochain avec de nouveaux défis (le début du Ocean’s 21), et de nouveaux partenaires qui permettront surement de développer encore et toujours l’eau libre. J’aurais l’occasion d’aborder également des sujets sur le sauvetage côtier, la nage avec palmes en mer très agitée (notamment pour les photographes de surf) ou l’ultra endurance avec des traversées de 30km et plus en natation mais aussi en proie paddle une autre discipline que j’affectionne. Un bon programme bien solide.