La Traversée, épisode 02, Jacques Tuset la préparation mentale en nage marathon et le Ice Swimming

Suite de notre épisode 01 avec Jacques Tuset qui, après nous avoir évoqué l’âge moderne de l’eau libre en France et dans le monde et quelques unes de ses 400 traversées à la nage et ses évasions de prisons revient nous parler de la communauté de la nage marathon, de la préparation mentale et physique mais aussi de l’ice swimming et de la nage avec palmes.

Je vous présente rapidement le personnage :

 Jacques Tuset est un ancien nageur international et fut président du club Aqua Love Sauvetage et dans ce qui nous concerne est un représentant de la Channel Swimming Association en France.

En 2002 il est le premier français à traverser la Manche en 12h40 dans des conditions dantesques et reçoit le trophée Van Hooren dédié aux nageurs ayant traversé dans les plus mauvaises conditions.

En 2005, il est 2e des championnats de France avec palmes sur 20 km (FFESSM) et 1er des championnats de France de sauvetage côtier « épreuve de nage – surf race » (FFSS).

En 2015 et 2017, il figure parmi les 50 nageurs eau libre les plus aventureux au monde selon le magazine « World Open Water Swimming ».

En 2018, il fut intronisé dans le prestigieux « International Marathon Swimming Hall Of Fame » (IMSHOF).

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Existe il des critères objectifs qui définissent une mauvaise compétition? 3/3

•Anglet « full distance » 4.2km, où le syndrome de la course locale que l’on veut soutenir mais…

C’était en aout 2021 que la première édition d’une course dont j’entendais parler mais qui laissait peu de traces sur le net prenait place dans mon calendrier. Nous étions en mode pass-sanitaire (pas demandé lors de l’épreuve, pas plus qu’une licence ou une pièce d’identité, n’importe qui aurait pu nager) et je sortais de chimiothérapie et malgré la saison estivale j’allais nager en néoprène car j’avais parfois froid en piscine. 

Bref je ne partais pas pour une performance mais pour un 4km en ligne droite pour soutenir cette initiative et me remettre à nager. Le nom de « full distance » aurait du éveiller mon instinct et me faire renoncer, mais parfois on veut bien faire, et, la naïveté reprend le dessus, on veut laisser sa chance à une organisation locale qui parait bienveillante. Mais être gentil ça n’est pas un métier et en matière de sport le non respect des athlètes et des règlements devrait être une ligne rouge à ne pas franchir.

Car le jour J on découvre qu’il y a aura un départ et une arrivée sur la plage (malheureusement) mais surtout une sortie à l’australienne. 

Cela mérite peut être que je m’attarde sur le terme qui est propre au triathlon même si personne ne se souvient vraiment le lieu plus précisément ni la date de cette innovation technique qui consiste à faire faire 2 boucles d’une même distance à des nageurs et des les faire sortir de l’eau et courir sur la plage pour marquer le passage entre la première et seconde boucle.

Cherchez Charlie au milieu des néoprènes une tendance trop courante dans l’eau libre.

Certaines épreuves d’eau libre auxquelles j’ai participé ont été jusqu’à me proposer de nager 6km en sortant tous les kilomètres pour faire 6 boucles. Ma sortie à la première boucle fut une sortie définitive pour ma part, il y a une limite à la rigolade surtout aux dépens des nageurs.

Et en l’occurence il n’y a aucune autre raison à chercher ici que le fait que l’organisateur soit lui même un triathlète et qu’il justifie cela par un « spectacle à assurer sur la plage au 2km ». 

Je vous rappelle qu’on aurait pu nager paisiblement en ligne droite à 200-300m du bord et que cette sortie nous faisait juste couper un effort en plein milieu pour 20 spectateurs et organisateurs à tout casser. Rajoutons ici que les règlements d’eau libre prévoient ce cas de figure mais limite, d’une part la partie hors de l’eau à 1% de la distance totale, en précisant que la ligne d’arrivée doit être à 10m maximum de la rive et que la sortie à l’Australienne, d’autre part, ne peut excéder 15m. On en était loin ce jour là. Pour un nageur, qui, alors ne peut pas courir c’est un enfer mais pour la discipline c’est un bon nivellement par la bas. 

Quand la course locale ne dispose pas d’affiche, de briefing ou de juge arbitre allait voir au rayon « horreur ».

Mais, revenons à mon épreuve « full distance » qui ne pouvait pas le jour J faire les 4.2km annoncés car une compétition de surf avait lieu sur la dernière partie de la course et, au Pays Basque, s’il n’y pas (encore) de culture de l’eau libre, celle du surf, est bien présente. Les nageurs devaient donc finir sur la plage précédente, et, de fait, nager uniquement 3.5km. Malgré tout l’organisateur nous jurera jusqu’au départ qu’il s’agissait bien d’eau libre, et, que la distance serait respectée. Ce sera notre seul briefing d’ailleurs.

Je rappelle qu’en eau libre si un nageur peut bénéficier des pieds d’un autre nageur il ne peut pas le toucher d’une part mais surtout si son poisson pilote décide de s’éloigner le second ne peut plus alors lui coller le train, sauf à prendre un carton par le juge arbitre. 

Et en matière de stratégie de course ça fait une différence si le drafting d’une part est donc autorisé comme il l’est en triathlon et que la distance est en fait plus courte de 20%. Car malgré l’impossibilité de nager en direction des bouées que nous ne voyions pas, masquées par la houle, sur ce parcours mal foutu du fait de la sortie à l’australienne qui n’était là que pour « allonger artificiellement la distance », et, à défaut de bateau nous ouvrant la voie nous n’avons nagé que 3500m maximum. Le reste étant de la course à pieds qui je le rappelle ne doit jamais être pris en compte dans la distance annoncée.

Imaginez la même chose sur une course de trail ou sur route où au détour d’un virage vous comprenez que c’est l’arche l’arrivée, et tant pis pour les 2 à 3km qui restaient dans votre esprit, et sur le papier, pour faire la différence avec vos rivaux. Un comble quand le nom de l’épreuve est, je le rappelle, « full distance ».

Signalons que j’ai pu terminer deuxième de cette farce tout d’abord parce que le nageur finissant vraiment deuxième refusera de passer la ligne d’arrivée (une première pour moi mais pour vous dire le niveau de l’organisation). Et que le groupe affûté dans lequel je nage ne collabore pas et se tape dessus (littéralement) et ne varie jamais sa fréquence de coups de bras qu’il soit face ou dos à la houle. 

Donc lorsque je comprends qu’après 3000m et un peu plus nous sommes déjà arrivés et que je m’étais résolu à nager derrière ce paquet de guerriers faute d’énergie suffisante pour me détacher vraiment en pensant qu’on devrait nager plus de 4km. J’accélère avant la dernière bouée et puis je me laisse porter par la houle pour rentrer en bodysurf et mettre 50m à mes concurrents sans avoir besoin de courir sur la plage, de toute façon je refuse habituellement de le faire.

Nous sommes là en face de gens que l’on pourrait croire bienveillants en voulant développer l’eau libre, mais qui le plus souvent n’y voit qu’une opportunité de faire rentrer de l’argent sur le dos de nageurs qui ne diront rien et de triathlètes qui pourront se vanter dans ce cas précis d’avoir nagé « 4200m » en moins d’une heure. Ces organisateurs ne connaissent rien à la discipline alors que, malheureusement pour eux, les règlements existent, les moyens pour bien organiser et sécuriser une course aussi, et ignorer tous ces éléments ne va jamais aider à construire ou consolider une discipline souvent méconnue je l’admets en France mais qui est malgré tout constituée et organisée. 

Que c’est moche de devoir courir ainsi en eau libre surtout sur une sortie à l’australienne

Elle doit paraitre « bankable » pour qu’autant d’organisations se moquent de nous et nous traitent de la sorte.

D’ailleurs cette course locale m’en rappelle quelques autres dont le défi Monte Cristo qui chaque année augmente son nombre de participants et ses frais d’inscription sans pour autant améliorer la qualité de ses prestations. On y retrouve de nombreux nageurs en néoprène qui vont souffrir de la chaleur une fois déposés sur le rocher sans toilette où ils devront attendre longtemps que le départ puisse avoir lieu tellement il y a de monde à faire débarquer sur l’ile. 

Et l’année dernière, pur ce qui concerne les traversée, on ne peut pas dire que la « Catalina Channel » ait reçu des commentaires élogieux de la part du peu de nageurs ayant pu boucler la traversée dans des conditions difficiles certes mais où ils furent sortis de l’eau dans la plus grande confusion.

Cela ne va pas dans le sens du développement serein et sain de notre discipline. Alors désormais si les critères suivants ne sont pas à minima pris en compte fuyez les :

•Prix d’entrée raisonnable

•Distance annoncée réaliste et vérifiée

•Parcours cohérent, pas de sortie à l’australienne si ça n’apporte rien et de la ligne droite plutôt que de la boucle sans fin dès que c’est possible.

•Respect des règlements pour le port du néoprène, du drafting, de l’arrivée sur la plage et autres port de la montre ou de bijoux

•Classement séparant les néoprènes, venus pour s’entrainer pour un ironman®, des nageurs désirant participer à une compétition d’eau libre.

•Sensibilisation accrue au risque d’hyperthermie les jours de chaleur où certains veulent tout de même porter du néoprène.

•Toilettes et vestiaires au départ

•Ravitaillement digne de ce nom

•Préoccupation environnementale pour ne pas laisser de déchets dans l’eau ou sur le site.  

•Briefing digne de ce nom résumant le parcours, le réglement et les consignes de sécurité.

•Pilotes dignes de ce nom, bateaux équipés en conséquence et 

•Dispositif de sécurité adaptée sur et hors de l’eau, inutile de tout parier sur un kayak ou sur un restube.

•Conditions d’annulation ou de fin de course précisées et claires pour tous les acteurs.

•Conditions de remboursement le cas échéant en cas d’annulation de la course.

•Obligation pour tous les nageurs d’avoir une licence FFN en ne reconnaissant plus celle de la FFTri comme ce fut le cas en 2018 pour l’athlétisme.

Et pour le nageur l’obligation d’être bienveillant envers les autres nageurs quelque soit le niveau, mais aussi envers l’organisateur. Ce dernier peut avoir à ajuster sa compétition en fonction de facteurs nouveaux (météo, visibilité ou température de l’eau, nombre de participants) ou encore parce qu’il fait face à un évènement qu’il avait mal ou pas anticipé. Alors le dialogue avec les nageurs peut aider grandement à l’amélioration de l’organisation  à l’avenir et dans tous les cas à l’acceptation par tous que ça n’est qu’un sport.

Et, plus notre identité sera forte, plus ce sport pourra s’exprimer dans toute sa diversité, dans tous les milieux et sur toutes les distances y compris aux championnats du monde où la FINA retire l’épreuve du 25km, mais c’est un autre débat que nous aurons bientôt. En attendant nous aborderons les organisations qui savent vous faire nager et partager un bon moment dans et hors de l’eau pour finir sur une note moins salée, dans le prochain épisode 3 compétitions à faire absolument selon moi.

Existe il des critères objectifs qui définissent une mauvaise compétition? 1/3

Ou comment reconnaitre et ne plus participer à des compétitions d’eau libre qui n’en sont pas.

Car à défaut de terminer systématiquement sur un podium, dans les points, ou, au sprint à la fin d’un 10km, la plupart d’entre nous désire souvent, assez simplement, pratiquer son sport en bonne compagnie et en sécurité dans un lieu agréable et y avoir des échanges et des sensations propres à notre discipline. 

La pratique en compétition de l’eau libre c’est plus souvent cela que la performance pure mais, à son niveau, chacun espère simplement aussi progresser, allonger la distance, nager plus vite, dans de l’eau plus froide, nager sans artifice ou dans des conditions plus difficiles ou dans un cadre impossible à nager hors d’une organisation. Et avoir pu programmer sa saison avec une ou plusieurs épreuves reste une manière de se motiver pour continuer à s’entrainer. 

Pourtant il n’est pas rare de revenir déçu, et plus encore, d’un déplacement à plus de 300km de chez soi, par un certain nombre de facteurs qui transforme un 5km dans un lac en un  « mauvais » remake de « La créature du Lac Noir ». 

Les raisons de cette débâcle ne sont pas forcément à chercher dans la mauvaise forme du jour mais plutôt dans des critères structurels que l’on aurait pu deviner facilement lors de l’inscription tellement une mauvaise compétition se renifle d’assez loin.

Voilà donc une méthode (quasi parfaite) afin de détecter les bonnes et les mauvaises compétitions :

Par soucis d’honnêteté je citerai de vraies compétitions, 3 en l’occurence, auxquelles j’ai participé et bien sûr j’incite les organisateurs en question qui se sentiraient vexés par mes commentaires à me contacter car les colonnes de ce site leurs sont aussi ouvertes s’ils veulent me contredire et enrichir cordialement le débat.

La seconde partie de cet article traitera de compétitions que je recommande vivement (pour finir sur une note positive) sans pour autant avoir un quelconque intérêt commercial à le faire, car je paye chacune de mes inscriptions et je n’organise aucun de ces évènements.

•Capri Napoli 

La plage de départ où règnent les sponsors et la confusion comme l’absence de toilettes

Par ordre chronologique dans notre calendrier débutons avec la plus difficile en terme de distance  mais aussi d’inscription : Capri-Napoli. 

L’un des plus anciens marathon en eau libre en Europe car la première édition date de 1949 entre deux nageurs italiens qui bouclèrent la traversée de 36km (nous reviendrons sur ce point de détail plus tard) en 12 heures. De simple défi elle devient une course, à partir de 1954, quand son organisation dépendra du journal napolitain « Il Mattino ». Ce dernier reparait en effet dans les kiosques depuis quatre ans après son interdiction en 1943 pour connivences avec le régime fasciste.  

Bref, jusqu’en 1993 la course va faire du Golfe de Naples l’un des hauts lieux de notre discipline. Mais elle va alors connaitre un arrêt de dix ans et sera à nouveau reprise en main en 2003 notamment par Luciano Cotena, qui, s’il est nageur et président du club Napoli Aquatica n’en reste pas moins un spécialiste du marketing.

La traversée « open » qui n’est pas la compétition de haut niveau de la FINA, se déroule entre juin et juillet. Elle nécessite un prix d’entrée qui se calcule en centaines d’euros et pour moi qui l’ai faite en Duo (comprendre en relais de 2, ils sont possible jusqu’à 6 nageurs) il fallait compter 500€ par nageur et un tarif « préférentiel » dans un hôtel de son choix, comprendre un à Naples, l’autre à Capri. À ce propos oubliez de suite le charme du bord de mer si vous choisissez l’hôtel proposé ce sera loin du centre et loin de tout avec certes une piscine à votre disposition mais c’est un bassin de 20m maximum, en d’autres termes une piscine d’hôtel.

C’est là qu’aura lieu le briefing la veille de la course (c’est un moment crucial pour juger du sérieux d’un organisateur). 

Première mauvaise nouvelle, les pilotes sont absents de la réunion et aucun point n’aborde la navigation si ce n’est 3 ou 4 diapositives présentant des photographies prises depuis un bateau depuis le départ puis à 20, 10 et 5 km du point d’arrivée. On nous parle d’une course de 36km où l’on est libre donc de faire sa propre route sans avoir un point de passage obligatoire. Se pose alors le double problème, que la distance à vol d’oiseau entre les deux points fait à peine 32km et non pas 36 comme annoncé d’une part et qu’il semblerait que c’est au nageur de faire sa route depuis le niveau zéro (la tête hors de l’eau) car le pilote lui n’est pas là pour cela.

Parlons d’abord du kilométrage annoncé, car il s’agit là d’un critère commun aux mauvaises compétition quand l’organisateur se moque déjà de la distance en l’arrondissant plutôt à la hausse, histoire de flatter votre ego et gonfler la facture. Mais il s’agira tout de même de terminer les 32km car les règles absurdes d’une part et les moyens à votre disposition rendront la quête quasi impossible même à de très bons nageurs. 

Au départ avec le bonnet du club car l’organisation n’en fournit pas un en souvenir, peut être à raison?

En effet, une barrière horaire de 10h vient tel un couperet sortir les nageurs quelles que soient les conditions météo, favorables ou non. Il n’est pas facile de nager à cette allure un 10km contre du vent et des vagues alors plus du triple je vous laisse imaginer la dérive possible.

Mais c’est aussi et surtout parce que le pilote de votre bateau ne vous sera d’aucun secours d’abord parce que pour vous alimenter ou vous piloter tout simplement il vous faudra « un coach » que vous pouvez « louer » à l’organisation, mais ne comptez par sur le « capitaine » du bateau qui dispose tout juste d’un permis côtier mais ni de GPS, ou de Radio VHF et pas non plus de Compas. Pas facile dans ces conditions de garder un cap, et, si jamais le brouillard devait se lever ou la visibilité baisser il serait tout simplement impossible de terminer ou d’être en sécurité sur l’eau. 

En France pour comparaison en semi hauturier (6 à 60 milles d’un abri) les cartes marines et un GPS ainsi qu’une VHF sont obligatoire. Au départ de Capri le point que vous visez est donc à plus de trente kilomètre dans le Golfe et la moindre houle au niveau zéro vous empêchera de voir quoi que ce soit devant vous sur plus des deux premiers tiers du parcours. 

À noter qu’au départ un bateau me coupera la route et manquera de me passer sur le corps en me reprochant de ne pas être près de mon embarcation qui de toute façon n’est pas arrivée.  À juste titre, mon pilote et moi même pensions que les départs étaient différés entre les solos, les duos et les relais. En réalité non, tout le monde part en même temps sans tenir compte du briefing, on sent qu’on est poussé vers l’arrivée et que la journée va être longue.  

Car pour le coup vous risquez de nager 36km sans jamais arriver à destination. Pour votre salut de toute façon après 09h30 de nage si vous n’êtes pas sur le point de toucher terre l’organisation vous sortira de l’eau même à 2km et quelques de l’arrivée. L’important parait être de finir à l’heure pour être tous ensemble pour le « Podium ». 

Et à terre rien ne vous sera épargné, une remise de prix, une médaille et un diplôme, même si vous n’avez pas bouclé la distance. Mais pas de ravitaillement, à part de l’alcool et un bout de pizza froide qui était là presque par hasard. Le bus qui doit vous ramener à votre hôtel si lointain ne viendra pas non plus, mais c’est l’occasion de prendre un taxi avec vos compagnons de galère et de finir dans un restaurant digne de ce nom en se promettant de ne plus jamais revenir sauf pour des vacances, la ville et les habitants en valent largement la peine.

Mon acolyte dans cette galère sans lui je ne serai ni parti, ni arrivé

Donc nous aurons appris que si le spécialiste du marketing prend le dessus sur le nageur l’organisation risque de vous vendre du rêve ou du cauchemar selon que vous pourrez où non vous targuer le lundi matin à la machine à café d’avoir pu terminer cette pourtant belle et mythique traversée. Prix excessif, distance au pif, pilote absent et donc sécurité sur l’eau et respect du règlement à l’occasion, zéro ravitaillement après 9h30 dans l’eau, en font la pire course que j’ai pu faire et de loin, pourtant un lieu magnifique et heureusement pour moi un duo avec mon acolyte, toujours souriant Bernard-Pierre qui fut un très bon compagnon en pleine mer notamment pour faire le point et terminer cette course en 9h31.

La plupart en solo n’arriveront pas à boucler cette traversée car le temps limite, fixe, n’est pas adapté aux conditions du jour, changeantes. Et la dérive possible par le manque d’instrument induit souvent un détour comme le prouve les traces trouvées ici et là, y compris les jours où la course des pros est interrompue. Le Golfe de Napoli est assez capricieux à nager en effet la houle et le vent sont souvent présents, mais si une autre organisation prenait la main sur cette traversée à n’en pas douter je tenterais l’expérience en solo sans cette barrière horaires sortie de nulle part.

Frédéric Romera un excellent nageur français qui a pourtant eu le plus grand mal à terminer. Notez le grand nombre de sponsors de cette épreuve

Résumons les éléments largement défavorables à cette traversée :

•D’abord le prix de plusieurs centaines d’euros pour nager sans pilote, ni instrument. 

•La distance annoncée largement estimée à la hausse.

•L’absence de nourriture et de juge arbitre à bord de chaque bateau pourtant inclus dans le prix et le règlement.

•L’utilisation par certains de néoprène malgré une interdiction justifiée par une température très élevée.

•Le non respect des consignes notamment au départ

•L’absence de toilettes au départ et de test anti dopage à l’arrivée malgré le prix d’inscription 

•Enfin aucune bienveillance et de professionnalisme de la part d’organisateurs qui ignorent la réalité d’une traversée pour des nageurs amateurs en fixant un temps limite 10h. 

La course des professionnels en 2022 arrêtée dans des conditions discutables comme le classement qui en découle

En 2022 rares sont les nageurs ayant pu terminer la course. Ainsi le 08 juillet, 25 nageurs sont arrêtés/retirés bref ne terminent pas quand seul, un duo touche le sable après 09h27 de nage, alors que déjà le 24 juin, 24 nageurs n’avaient pas terminés non plus dont certains pourtant aguerris et bons nageurs furent arrêtés très proche de l’arche finale. Statistiquement vous ne terminerez pas cette course dans ces conditions.

A noter que l’organisation de la course élite fut un désastre en 2022 où une fois de plus les nageurs furent tous arrêtés avant la mi-course. Et malgré à peine 4 heures de nage, l’organisation va établir un classement où comme un hasard 5 nageurs italiens vont terminer aux 5 premières places

Dans le prochain billet nous verrons qu’une traversée de lac peut aussi se transformer en une aventure voire un naufrage pour certains, mais pas pour l’organisation.

La carte et le territoire

La carte et le territoire :

Si l’on voit dans beaucoup de sports des athlètes se fixer des objectifs chronométriques très précis, en marathon notamment, ou en triathlon également avec des barres symboliques sous les 4 heures, sous les 9 heures et avec des sas de départ en fonction de la vitesse, on est loin de tout cela en eau libre car le milieu naturel reste le plus fort et peut venir transformer un dernier kilomètre en un graal qu’on atteindra jamais.

Tout d’abord il est plus difficile de dessiner un parcours d’eau libre qui va s’adapter à la perfection à la distance souhaitée et de placer les bouées sur le parcours selon cette prévision idéale. Il faut certes maitriser la carte mais sur le terrain, on peut rencontrer bien des cas de figures qui vont venir rallonger les distances et la durée d’une épreuve qui sur le papier fait pourtant bien 5 ou 10km.

On pense à juste titre au courant, au vent ou aux vagues, mais le problème vient aussi de la navigation qui va se mettre en place pour aller d’un point à un autre et en l’absence de ligne bleue ou noire au fond du lac on s’en remettre souvent à un point sur terre parfois très distant, voire à la côte en espérant la longer correctement. Il ne s’agit bien souvent pas de la ligne la plus courte pour rejoindre la prochaine balise et cela rallonge un peu la distance, et je ne parle pas de nageurs qui ne nagent pas droit d’un point A à un point B mais de nageurs qui vont pour nager « droit » prendre des repères qui vont les éloigner de la trace la plus directe, celle que l’organisateur a dessiné sur sa carte et qui semblait facile à suivre lors du briefing de départ.

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Un tour de Lac qui promet bien des détours car on a toujours tendance à longer une côte qui elle ne suit que ses envies.

J’en profite ici pour revenir sur ma dernière expérience en la matière lors de la coupe de France dans le lac de Paladru qui proposait un 10km en tour du lac qui semblait attirant mais qui s’est avéré être un très gros 10km à l’arrivée en nageant de manière stable et en faisant au mieux en terme de navigation le ravitaillement qui devait se situer à mi-chemin s’est retrouvé à plus de 6km à défaut de bouées permettant aux nageurs de rester sur la ligne droite dessiner sur la carte.

Je modère mes propos, l’organisation était perfectible (sécurité, juges et bouées plus présents) mais ce fut une très belle épreuve et le lac en question était magnifique.

Ensuite il arrive que la ligne droite ne soit pas la meilleure pour arriver au plus vite à un point, car le courant ou le vent et la houle peuvent retarder le nageur en lui opposant une résistance trop forte quand il serait préférable de s’en protéger et d’en profiter le plus possible pour finir plus fort. Un simple courant à 2 ou 3 km/h ou un vent de face va compliquer la tâche du nageur d’eau libre qui préférera faire avec la marée ou le vent en se laissant déporter.

Ocean Mondial Chuck Clark architect
Une carte modifie toujours notre point de vue sur le monde qui nous entoure

Vient ensuite le trajet dont on sait depuis le début ne sera pas une belle ligne droite mais un beau S qui va nous ballader à gauche et à droite selon la montée ou la descente de la marée, comme lorsque l’on traverse la Manche par exemple. On a pu longtemps croire avant le GPS que l’on nageait une trentaine de kilomètres de Douvre à Calais en ligne plus ou moins droite, et en fait on nage bien plus en allant et venant autour de l’axe que l’on se fixe depuis le début. Ici aussi le territoire reprend la main assez rapidement. D’ailleurs mal calculer son heure de départ pour une traversée de la Manche peut conduire à nager contre la marée et à rallonger très sensiblement son chrono. Lire le récit du maitre en la matière Jacques Tuset sur son blog.

Car au fond, peut on prévoir la durée d’une nage en eau libre? Cela parait difficile car il suffit d’un de ses éléments pour venir bouleverser totalement la nage marathon qu’on a envisagée et qui sur le papier paraissait tout à fait faisable, mais il n’est pas inhabituel qu’un nageur rapide mette un temps bien supérieur à d’autres traverser un détroit ou qu’un autre pourtant bien préparé se voit abandonner à 2km de la côte après des heures d’effort contre le courant ou le froid et le vent.

Contre le froid me direz vous il pourrait y avoir la solution de la combinaison Néoprène mais en eau libre nous sommes nombreux à militer pour que les compétitions se fassent sans, en traversée de détroits la règle la proscrit tout simplement pour mettre tout le monde a égalité dans le temps.

Reste une question : le Néoprène fait il nager plus vite? À cela une réponse ambiguë, car en fait  cela dépend surement de la qualité du Yamamoto en question mais aussi des capacités et du profil du nageur, pour autant sur le papier si cela semble vrai, les dernières compétitions Fina où les combinaisons furent autorisées se sont nagées plus « lentement » que les éditions passées. La faute n’est pas à chercher dans une stratégie de course ou dans le manque d’expérience des nageurs (ici cela peut juste modifier le classement en favorisant certains nageurs de haut niveau, plus aptes à s’adapter, ou dont la morphologie va être avantagée par un apport en Néoprène) mais bien au milieu naturel qui reprend ses droits avec du courant défavorable le jour de l’épreuve rendant impossible de parier sur un chrono avant le départ sauf à se croire en bassin de 10.000 mètres.

Nager en milieu naturel, comme faire la montagne d’ailleurs, c’est avant tout s’adapter à la faune, la flore, à la météo et aux aléas et c’est peut être pour cela qu’on appelle cela de l’eau libre, de là à penser que les autres ne le sont pas, il n’y a qu’un pas. 

Lancement de la saison à Chypre (Eurasia Swim Cup)

Si j’avais publié quelques photos de l’étape chypriote de l’Eurasia Swim Cup je n’ai pas encore eu le temps d’écrire la moindre ligne sur le sujet, et ce blog ayant comme objectif de faire découvrir des épreuves d’eau libre notamment je me devais de réparer cela au plus vite.  Cette année je vais avoir l’occasion de nager des étapes de coupe de France, une de l’open swim stars à Paris (fidèle depuis la première année), les championnats d’Europe masters (LEN) et d’autres épreuves au Pays Basque ou au Liban. Mais j’avais été attiré par une franchise qui m’était jusque là inconnue, Eurasia Swim Cup dont j’avais entendu parlé en recherchant des courses en Russie. Il s’avère qu’ils ont aussi des épreuves en Sicile et à Chypre, dont une en tout début de saison, parfait pour se tester sur 10km. Sur le papier tout pour me plaire.

C’était donc le 17 mars dernier à Larnaca, et non pas à Aiya Napa comme annoncé lors de l’inscription, près de l’ancienne forteresse, l’organisation russe proposait toutes les distances de 1000m à 10.000m en passant par des distances assez incompréhensibles sauf si on est triathlètes de 1900 et 3800m.

À ce stade il faut rappeler que beaucoup de nageurs d’eau libre y viennent par le biais du triathlon qui est pour l’instant plus développé à l’échelle mondiale, d’où la présence de nombreuses combinaisons et de ces distances. Rappelons au passage que la natation est déjà le parent pauvre du triathlon car si 5km nagés sont l’équivalent de 20km courus on en est loin au triple effort où elle se limite à moins de 4km pour 42,2km couru et 180km de vélo quand il faudrait pour équilibrer les disciplines, nager un peu plus de 10km. Soyons honnêtes si c’était la règle du jeu peu de triathlons longues distances auraient lieu faute de participants. Pour autant doit on en eau libre proposer des distances de triathlon pour faire venir des nageurs, cela reste une question ouverte, mais sur un seul parcours faire cohabiter un 3800m et un 6000 ou 10.000m parait plus que compliqué. Je précise qu’il existe des triathlons qui respectent la répartition égalitaire des distances dans les 3 disciplines, il ne s’agit pas du label ironman vous l’aurez compris.

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En dehors de ce choix étrange de vouloir plaire à plusieurs publics se posait la question du parcours et du ravitaillement, malgré quelques échanges de messages avec l’organisation je n’avais pas pu en savoir plus, pas évident pour préparer des nageurs à leur première longue distance en mer en compétition. Si je m’inscrivais sur la longue distance je conseillais aux masters que j’entraine au Liban de partir plutôt sur le 6km pour ne prendre aucun risque, je ne connaissais rien de l’organisation, du lieu, des conditions de ravitaillement ou de sécurité, et il vaut toujours mieux éviter de mauvaises surprises dans ces cas là.

Les horaires de départ ayant plus ou moins respectés nous avons du nager au moment où le vent se levait (pratiquement toujours au moment de la mi-journée) et donc face à lui sur 50% du trajet sans en bénéficier lors du retour car nous nagions trop proche de la côte bien à l’abri, un sens inverse de rotation aurait été beaucoup plus facile donc, mais c’est ce que l’on aime en eau libre, les conditions difficiles.

La sécurité sur l’eau et le ravitaillement avait l’air efficace, le briefing d’avant course très moyen pour le 10km où j’étais le seul non russophone, pour le reste le niveau sportif n’était pas forcément au rendez vous sauf sur le 6km, car pour ma part après avoir du courir dans l’eau pour le départ je virais en tête au 300m pour nager seul les 9700m restant. Heureusement je rattrapais à mi-course, des nageurs du 6km partis plus tard, qui me motivaient à garder un rythme et à finir en 2h39 malgré plus de 6km avec du vent et de la houle qui rendaient la course assez difficiles.

Le nageur suivant arrivait plus de 15 minutes après moi, ça change des coupes de France où les jeunes nageurs et nageuses me mettent un tour à mi-course dans un style et une facilité qui fait envie.

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Alors d’un point de vue technique le mélange de styles entre natation, triathlon, boite de nuit avec pole dancing et filles en maillots échancrés ne me donnent pas forcément envie de refaire une étape de cette franchise surtout à cause du manque de niveau global de l’épreuve et du type de parcours qui en découle, car tourner en boucle en pleine mer c’est toujours un peu rageant, Chypre à bien mieux à proposer en terme de ballade en mer même sur 10km.  La distance en question se dénommait « Héro » on franchit là un cap assez navrant dans la médaille de « finisher » qui désormais se dote d’un qualificatif sur valorisant pour avoir nagé 2 ou 3 heures en mer. N’ayant sauvé personne ni même l’humanité pendant cette petite promenade pour laquelle je m’entraine régulièrement je n’ai ressenti aucun héroïsme à franchir la ligne d’arrivée qui était sur la plage. Ici encore quand on dispose d’une arche flottante pourquoi la poser sur le sable, en eau libre un départ dans l’eau et une arrivé en tapant la planche c’est tout de même l’idéal.

Loin de moi l’idée de vous déconseiller leurs épreuves mais cela serait difficile car ils viennent d’annuler la plupart de leurs étapes en Russie pour en remplacer certaines par des épreuves en piscine (du sprint sur 50m) quand je vous parlais de mélange des styles.

Revenons à cette épreuve d’un point de vue technique, j’avais établi une stratégie à 3 ravitaillements car il faisait chaud, soit après 4, 6 et 8km en buvant essentiellement. J’ai souffert de cette chaleur, sur la fin surtout, en faisant face à la houle où un triceps sifflait un peu et où j’ai du passer par une phase d’éducatifs pour faire passer la douleur. Il serait bon de trouver des solutions pour soulager au mieux cette chaine musculaire et se préparer pour les 10km à venir (Paris en Juin, Annecy en Aout et Jablines en Septembre…) le niveau sera bien plus relevé.

Ceci dit c’était une très belle occasion de passer un week end avec les nageurs que je fais souffrir en bassin ou en mer par tous les temps, tout au long de l’année au sein de l’ATCL et si nous étions la délégation la plus nombreuse cela a surtout permis à de nombreux nageurs de prendre goût à l’eau libre en compétition et nous serons donc du voyage à Paris en juin.

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La préparation de la longue distance continue donc avec l’accroissement du volume et l’augmentation de la vitesse notamment sur des 1000m et plus. L’objectif étant de pouvoir nager avec une certaine facilité jusqu’à 6km pour pouvoir accélèrer sur la fin. À Paris cela sera sans grande difficulté car il y aura je le pense un grand nombre de nageurs, un courant favorable et que la navigation est quasiment absente, mais à Annecy seuls 20 nageurs prennent le départ et je serai surement parmi les derniers il faudra garder le moral et être capable de ne pas trop perdre de terrain sur un groupe intermédiaire. L’objectif étant de pouvoir réaliser des chronos autour de 2h20 lors de cette saison avant de penser à participer à des épreuves un peu plus longues notamment en Italie sur 15km et plus lors du circuit Gran Fondo.

http://www.circuitogranfondoitalia.it/gfi/calendario-circuito-gran-fondo-italia-2018/

L’eau libre ça donne envie de grand espace.

Un moment clé : l’échauffement.

Premier d’une série d’articles s’adressant à des athlètes amateurs qui se retrouvent souvent perdus avant une course quelque soit sa nature ( à la nage ou lors d’un triathlon). Nous passerons en revue la nutrition et le petit déjeuner, l’hydratation en nous appuyant sur les principes de l’osmolarité et enfin la récupération.

Il m’arrive encore de participer à des compétitions notamment en eau libre mais aussi de venir en tant que spectateur quelques triathlons ou courses à pieds sur 10, 20km et plus. Quelle n’est pas ma surprise à chaque fois de voir des athlètes attaquer une compétition sans aucun échauffement ni à sec ni dans l’eau, voire de s’échauffer de manière trop rapide ou pas du tout de façon appropriée.

Lorsque je suis sur une compétition en tant que coach et que je mets en place un échauffement avant le départ il n’est pas rare aussi que nous soyons rejoint par des athlètes extérieurs au club qui découvrent là un processus intéressant , lorsque l’organisation nous laisse le temps nécessaire pour le faire.

Car c’est bien le premier problème que doit affronter un athlète, trouver le temps le matin d’une épreuve de s’enregistrer, déposer ses affaires, se changer et avoir au moins 20 minutes à lui pour rentrer dans sa course mentalement et physiquement.

Alors je profite de ce blog pour faire un point sur cette étape qui n’est pas la règle à suivre mais un exemple concret d’échauffement d’avant course (eau libre ou triathlon) que vous pourrez adapter selon vos besoins.

Tout d’abord pourquoi ne pas profiter du transport ou de l’attente lors de l’enregistrement pour prendre quelques grandes respirations et bien s’oxygéner, le réveil souvent très matinal passe par là.

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{avant le départ voilà à quoi cela peut ressembler}

Ensuite partons du principe d’une course d’endurance débutant le matin vous donnant la possibilité de nager avant le départ que ce soit un triathlon ou une course en eau libre. Dans les deux cas rappelons une règle se laquelle nous reviendrons plus tard, vous avez forcément pris un petit déjeuner digne de ce nom au moins 2h30 avant l’heure du départ officiel.

Sans cet apport énergétique n’espérait pas faire une quelconque performance et comprenez ici chers organisateurs qu’un départ à 6h30 du matin pour un sprint est assez contre productif.

En tant que coach j’ai pour habitude de penser que les athlètes qui ne s’échauffent pas avant ce type de course qui va partir toujours trop vite du fait de l’adrénaline auront le plus grand mal à rentrer dans l’épreuve et à y faire une performance.

Encore faut il avoir un agenda précis et un programme cohérent. L’idéal étant de partir en marche arrière depuis l’heure du départ et donc de savoir qu’il y a aura un appel 5 ou 10 minutes plus tôt où vous serez statique dans l’aire de départ, l’échauffement doit donc se terminer au moins 15 à 10 minutes avant le départ officiel. Pendant ce temps vous devez rester chaud et donc rester au chaud. Un sweat ou un vêtement en polaire voire une serviette, un bonnet ou autre, gardera votre corps à la température souhaitée.

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{des élastiques et un point fixe le tour est joué}

H-30 : (durée 10 minutes maximum) Si vous avez eu la possibilité de nager avant le départ, faites au moins 400 à 800m selon votre niveau de nage dont la première moitié lente pour trouver le souffle et les appuis, c’est l’occasion de placer quelques éducatifs qui vont aider à se calmer et à poser sa nage, et la fin plus rapide notamment en terme de respiration et de battements de jambes pour faire monter le cardio. L’idée est de ne pas se retrouver froid plongeant dans l’eau et débutant cette course trop vite et donc à court de souffle avec des douleurs dans les bras après 125m.

Si l’on a pas pu nager alors on prolongera l’échauffement à sec jusqu’à ce moment fatidique de l’appel des athlètes dans la zone de départ avec un vêtement à laisser au départ si c’est possible. D’où l’intérêt du vieux sweat shirt que l’on conserve pour cette occasion en espérant le retrouver après la compétition.

Le corps principal de l’échauffement se fera à sec et c’est ici que l’on va travailler plusieurs étapes dont la respiration, les articulations, le gainage et la montée en température pour gagner en souplesse et en force.

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{des rotations des bras certainement mais ne pas oublier la nuque, le dos et les articulations}

H-50 :Nous débuterons donc par de grandes inspirations qui vont aussi servir à se concentrer et à se rappeler ce que l’on veut faire au cours de l’épreuve (un meilleur départ, garder un grande fréquence de bras, nager droit…).

On va par la suite faire tourner les articulations des chevilles , des genoux et des hanches par des rotations adaptées afin de les préparer et de les assouplir.

Puis va débuter des positions de gainage, des étirements et des rotations du dos, de la nuque et des épaules que l’on va alterner en débutant les rotations des bras plutôt avec la main sur les épaules pour finir avec le bras tendu plus rapidement sur la fin de l’échauffement.

Ce circuit complet qui doit être statique puis dynamique, lent puis rapide, va durer une vingtaine de minutes et doit participer à augmenter la température extérieure du corps sans toutefois trop faire monter la température interne. On dit en profiter pour boire et essayer de passer une dernière fois aux toilettes avant de plonger.

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{s’hydrater et se ternir au chaud avant le départ, Paris à la Nage avec Olivier Gemayel}

Vous noterez que je proscris la course à pied qui va tasser le dos, et fatiguer plus qu’échauffer, la marche rapide pour se déplacer avant la course mais évitons d’être contre productif pour le dos avant de nager. Un bonus serait aussi de s’entrainer face au plan d’eau, d’autant plus si c’est en mer, pour analyser le courant, les vagues, le vent et autres facteurs comme la position des bouées ou de la ligne d’arrivée car une fois dans le bain ce seront des avantages précieux.

Logiquement une telle préparation permet aussi de ne pas stresser avant le départ de se tenir occuper et prêt à l’heure H. On peut faire toute ou partie de cet échauffement avec des élastiques qui en cas de manque de place vont aussi aider à réaliser un circuit avec l’aide d’un arbre ou d’un poteau y compris en pleine rue comme ça a pu être la cas avant de plonger dans le bassin de la Villette en juin dernier pour Paris à la Nage.

RedBull Neptune Steps (Glasgow)

Mon fil instagram faisait comprendre que j’avais participé au Red Bull Neptune Steps dans le canal de Mary Hill à Glasgow samedi 18 mars et comme il s’agissait une compétition atypique mais très sympathique je me devais aussi d’en parler ici.

Tout d’abord un nageur d’eau libre avec un profil plutôt tourné vers l’endurance comprendra que nager, en combinaison, 420m dans un canal dont l’eau affiche 7°c , comprendra que j’avais très peu de chance de bien figurer dans cette épreuve. Il faut rajouter à cela que nous devions grimper un certains nombre d’écluses à l’aide de cordes, de filets ou de mur d’escalade artificiel. Pas forcément ma tasse de thé, mais honnêtement je n’y allais pas pour autre chose que m’amuser et sur ce plan là aussi la mission écossaise est totalement remplie.

Le dénivelé positif de plus de 10m nous obligeait donc à gravir un certain nombre d’écluses et j’avais un peu sous estimer la force de l’eau des cascades et sans avoir l’occasion de m’entrainer la veille de l’épreuve j’ai passé la première manche à découvrir les vices et les verrues de cette compétition.

Les hommes étaient 240 au départs divisés en 8 manches de 30 nageurs dont seul les 7 premiers seraient qualifiés pour la demie finale. Après un départ trop rapide our moi et de nombreux coups reçus dans les 50 premiers mètres j’ai du ralentir et rattraper mon retard sur la tête de course à chaque obstacle calmement. J’en termine cinquième en me disant que la demie va être très dure, que l’eau est froide et que les cascades d’eau fraiches n’aident pas à franchir les différents obstacles pas si durs que cela dans l’absolu.

Comme pour pimenter le tout je déjeune un excellent Chilli con carne et il est déjà l’heure de se remettre à l’eau pour la demie finale, 28 nageurs dans deux manches et seuls 20 nageurs iront en finale. Ça va partir encore plus vite et n’ayant pas l’énergie pour suivre les flèches qui doivent nager un 400m en 4 minutes je pars derrière en me mettant à l’eau au dernier moment. Je rattrape pas mal de monde dès que le canal s’élargit et à chaque obstacle je m’approche de la tête de course mais 420m c’est trop court il aurait fallu doubler la distance pour que ma tactique soit payante, quand je plonge du dernier obstacle la qualification est déjà jouée. Aucun regret la finale va aller très vite et Mark Deans va l’emporter encore une fois.

https://www.redbull.com/gb-en/watch-the-best-action-from-red-bull-neptune-steps-2017%3Fwtk

Cette course n’était évidemment pas au programme de ma saison si ce n’est de pour passer un week end à Glasgow et profiter de l’accent et de la gastronomie écossaise.

Il est bon aussi de se mettre en « danger » avec des épreuves comme celle-ci afin de sortir de sa zone de confort et de s’amuser. L’eau froide par exemple devient un problème à force de nager au Liban où même en hiver l’eau reste bien trop chaude pour s’habituer à ce qui m’attend dans la Manche ou justement dans le canal du Nord entre l’Irlande et l’Écosse.

Un point à travailler donc pour se préparer plus sérieusement au défi des 21 traversées.

Ocean’s 21

Le nom le plus simple à défaut d’en trouver un autre pour expliquer la nature du défi : traverser à la nage en simple maillot de bain, 21 détroits dont certains assez mythiques (Gibraltar, la Manche, Catalina, ou Molokaï).

Au départ des gens traversent des détroits ça et là, et en soi c’est un défi d’en traverser un. En parallèle  en haute montagne certains gravissent des sommets dont les 7 les plus hauts du monde et finissent par créer le 7 summits challenge.

Il fallu peu de temps à des nageurs d’eau libre de s’en inspirer et de lancer le Ocean’s seven challenge en regroupant Gibraltar, La Manche, le détroit du Nord entre l’Irlande et l’Écosse, le détroit de Cook en Nouvelle-Zélande, celui de Tsugaru au Japon, Catalina en Californie et enfin Molokaï-Oahu qui sert de championnat du monde pour les rameurs en stand up ou en prone paddle mais là je m’éloigne…

Alors pourquoi ne pas se contenter de faire ces 7 là et vouloir tripler la dose?

D’abord parce que quelques nageurs ont déjà bouclé cette liste et que les océans proposent d’autres « sommets » dont la montagne ne dispose pas. En Europe j’avais déjà eu vent du célèbre Corse-Sardaigne, Capri-Napoli, de Jersey-Saint Malo ou encore de détroits au Danemark ou en Suède, voire de Kronstadt-Saint Petersbourg, certains détroits font plus de 40 km et méritent amplement leur place dans une liste comme celle-ci.

Alors triple dose à raison de 7 détroits par an dont une quinzaine en Europe et quelques inédits comme Bahrein-Arabie Saoudite ou Macao-Hong Kong, en incluant ceux du Ocean’s seven histoire de participer aussi à ce défi en passant.

La première étape va consister à trouver des sponsors et à entamer un entrainement sérieux pour bien figurer sur chaque traversée (entre 15 et 50km) quelque soit les conditions le jour J (Méduses, vents, vagues, marées ou courant, eau chaude ou eau froide, j’en passe et des meilleures…)

Présentation 21 détroits à la nage

Mountainride

Au départ Mountainride c’est pour beaucoup du mountainbike en mode descente puis en enduro, mais c’est aussi du cross country marathon en haute montagne, puis c’est du triathlon voire du x-terra, et aujourd’hui ce blog sera consacré à l’eau libre et plus particulièrement à la préparation pour des traversées marathons.

La preuve que les choses évolues et que les montagnes sont là pour être grimpées.

Ce blog permettra de suivre l’évolution d’un projet un peu dingue qui s’inspire de la haute montagne et du 7 summits challenge, nager non pas 7 détroits (comme le Ocean’s seven challenge)  mais 21 détroits à travers le monde d’ici 2020.

Le défi débute ici avec la préparation, un moyen de traiter de l’entrainement en endurance sous un autre aspect moins connu et surtout moins traité.

En espérant que cela puisse devenir une source d’informations voire de motivation pour ceux et celles qui se préparent à affronter des montagnes.

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